Une nouvelle d’Émile Zola, Nantas – Analyse
Présentation
Emile Zola rédige Nantas en 1878. Il a 38 ans et sa carrière d’écrivain est déjà bien lancée. Les huit premiers volumes des Rougon-Macquart publiés depuis 1870 l’ont rendu célèbre et il est unanimement reconnu pour être le chef de file du Naturalisme. Dans Nantas, à travers le parcours d’un jeune homme plein d’ambition cherchant à se faire une place dans la société, nous pouvons retrouver les thèmes chers aux écrivains réalistes et naturalistes comme les rapports de force qui régissent l’organisation sociale au XIXème siècle, le rôle important de l’argent dans les rapports entre les gens, l’appétit pour le pouvoir, l’hypocrisie des relations etc. Comme avant lui Eugène de Rastignac dans La comédie humaine d’Honoré de Balzac, ou après lui Georges Duroy dans Bel Ami de Guy de Maupassant, Nantas incarne l’arriviste, le « jeune loup aux dents longues », prêt à tout afin « d’arriver ». En cela il s’inscrit parfaitement dans cette société de la deuxième moitié du XIXème siècle où le pouvoir se gagne et se prend par celui qui voudra bien vouloir se donner les moyens de son ambition. Nantas est de ceux là et le pacte qu’il passera avec Mademoiselle Chuin le propulsera vers les sommets de la société. Sans faire de lui un homme totalement heureux.
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Étude de document iconographique
Ce document est une page de couverture d’une édition récente de la nouvelle. Comment l’interprétez-vous (forme du titre, éléments du dessin) ?
Extrait 1 Étude de l’incipit
La chambre que Nantas habitait depuis son arrivée de Marseille se trouvait au dernier étage d’une maison de la rue de Lille, à côté de l’hôtel du baron Danvilliers, membre du Conseil d’État. Cette maison appartenait au baron, qui l’avait fait construire sur d’anciens communs. Nantas, en se penchant, pouvait apercevoir un coin du jardin de l’hôtel, où des arbres superbes jetaient leur ombre. Au-delà, par-dessus les cimes vertes, une échappée s’ouvrait sur Paris, on voyait la trouée de la Seine, les Tuileries, le Louvre, l’enfilade des quais, toute une mer de toitures, jusqu’aux lointains perdus du Père-Lachaise.
C’était une étroite chambre mansardée, avec une fenêtre taillée dans les ardoises. Nantas l’avait simplement meublée d’un lit, d’une table et d’une chaise. Il était descendu là, cherchant le bon marché, décidé à camper tant qu’il n’aurait pas trouvé une situation quelconque. Le papier sali, le plafond noir, la misère et la nudité de ce cabinet où il n’y avait pas de cheminée, ne le blessaient point. Depuis qu’il s’endormait en face du Louvre et des Tuileries, il se comparait à un général qui couche dans quelque misérable auberge, au bord d’une route, devant la ville riche et immense, qu’il doit prendre d’assaut le lendemain.
L’histoire de Nantas était courte. Fils d’un maçon de Marseille, il avait commencé ses études au lycée de cette ville, poussé par l’ambitieuse tendresse de sa mère, qui rêvait de faire de lui un monsieur. Les parents s’étaient saignés pour le mener jusqu’au baccalauréat. Puis, la mère étant morte, Nantas dut accepter un petit emploi chez un négociant, où il traîna pendant douze années une vie dont la monotonie l’exaspérait. Il se serait enfui vingt fois, si son devoir de fils ne l’avait cloué à Marseille, près de son père tombé d’un échafaudage et devenu impotent. Maintenant, il devait suffire à tous les besoins. Mais un soir, en rentrant, il trouva le maçon mort, sa pipe encore chaude à côté de lui. Trois jours plus tard, il vendait les quatre nippes du ménage, et partait pour Paris, avec deux cents francs dans sa poche.
Il y avait, chez Nantas, une ambition entêtée de fortune, qu’il tenait de sa mère. C’était un garçon de décision prompte, de volonté froide. Tout jeune, il disait être une force. On avait souvent ri de lui, lorsqu’il s’oubliait à faire des confidences et à répéter sa phrase favorite : « Je suis une force », phrase qui devenait comique, quand on le voyait avec sa mince redingote noire, craquée aux épaules, et dont les manches lui remontaient au-dessus des poignets. Peu à peu, il s’était ainsi fait une religion de la force, ne voyant qu’elle dans le monde, convaincu que les forts sont quand même les victorieux. Selon lui, il suffisait de vouloir et de pouvoir. Le reste n’avait pas d’importance.
Le dimanche, lorsqu’il se promenait seul dans la banlieue brûlée de Marseille, il se sentait du génie ; au fond de son être, il y avait comme une impulsion instinctive qui le jetait en avant ; et il rentrait manger quelque platée de pommes de terre avec son père infirme, en se disant qu’un jour il saurait bien se tailler sa part, dans cette société où il n’était rien encore à trente ans. Ce n’était point une envie basse, un appétit des jouissances vulgaires ; c’était le sentiment très net d’une intelligence et d’une volonté qui, n’étant pas à leur place, entendaient monter tranquillement à cette place, par un besoin naturel de logique.
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Veuillez indiquer les renseignements dans les cases correspondantes
Personnage principal | Justifications dans le texte | |
Nom | ||
Âge | ||
Origine sociale | ||
D’où vient-il ? | ||
Où vit-il ? | ||
Traits de caractère |
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Vous téléchargerez ce tableau ainsi que celui correspondant à l’extrait 3 ici :
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Questions
1) Dans quelle mesure peut-on dire que ce passage inaugural est réaliste ? Vous répondrez en prenant soin d’étudier le type de narration, les noms des lieux évoqués, l’identité des personnages, les descriptions.
2) Comment comprenez-vous l’expression favorite de Nantas « Je suis une force » ?
3) Relevez les termes et expressions évoquent l’ambition de Nantas. Quels sentiments éprouvez-vous vis-à-vis de lui ?
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Extrait 2 Un événement perturbateur
« Alors, quel est le marché ? demanda-t-il, en baissant instinctivement la voix.
– Cette jeune fille est enceinte, et il faut reconnaître l’enfant », dit nettement Mlle Chuin, qui oubliait ses tournures onctueuses pour aller plus vite en affaire.
Le premier mouvement de Nantas fut de jeter l’entremetteuse à la porte.
« C’est une infamie que vous me proposez là, murmura-t-il.
– Oh ! une infamie, s’écria Mlle Chuin, retrouvant sa voix mielleuse, je n’accepte pas ce vilain mot… La vérité, monsieur, est que vous sauverez une famille du désespoir. Le père ignore tout, la grossesse n’est encore que peu avancée ; et c’est moi qui ai conçu l’idée de marier le plus tôt possible la pauvre fille, en présentant le mari comme l’auteur de l’enfant. Je connais le père, il en mourrait. Ma combinaison amortira le coup, il croira à une réparation… Le malheur est que le véritable séducteur est marié. Ah ! monsieur, il y a des hommes qui manquent vraiment de sens moral… »
Elle aurait pu aller longtemps ainsi. Nantas ne l’écoutait plus. Pourquoi donc refuserait-il ? Ne demandait-il pas à se vendre tout à l’heure ? Eh bien ! on venait l’acheter. Donnant, donnant. Il donnait son nom, on lui donnait une situation. C’était un contrat comme un autre. Il regarda son pantalon crotté par la boue de Paris, il sentit qu’il n’avait pas mangé depuis la veille, toute la colère de ses deux mois de recherches et d’humiliations lui revint au coeur. Enfin ! il allait donc mettre le pied sur ce monde qui le repoussait et le jetait au suicide !
« J’accepte », dit-il crûment.
Puis, il exigea de Mlle Chuin des explications claires. Que voulait-elle pour son entremise ? Elle se récria, elle ne voulait rien. Pourtant, elle finit par demander vingt mille francs, sur l’apport que l’on constituerait au jeune homme. Et, comme il ne marchandait pas, elle se montra expansive.
« Écoutez, c’est moi qui ai songé à vous. La jeune personne n’a pas dit non, lorsque je vous ai nommé… Oh ! c’est une bonne affaire, vous me remercierez plus tard. J’aurais pu trouver un homme titré, j’en connais un qui m’aurait baisé les mains. Mais j’ai préféré choisir en dehors du monde de cette pauvre enfant. Cela paraîtra plus romanesque… Puis, vous me plaisez. Vous êtes gentil, vous avez la tête solide. Oh ! vous irez loin. Ne m’oubliez pas, je suis tout à vous. »
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Questions
1) Pour quelle raison peut-on dire qu’il s’agit là de l’événement perturbateur de la nouvelle ?
2) Dans quelle mesure peut-on dire que ce passage est une critique de la société bourgeoise de l’époque ?
3) Comment qualifieriez-vous l’attitude de Mlle Chuin ?
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Extrait 3 Les conditions du marché
« Ma fille, dit le baron, voici cet homme. Le mariage aura lieu dans le délai légal. »
Et il s’en alla, il les laissa seuls, comme si, pour lui, le mariage était conclu. Quand la porte se fut refermée, un silence régna. Nantas et Flavie se regardaient. Ils ne s’étaient point vus encore. Elle lui parut très belle, avec son visage pâle et hautain, dont les grands yeux gris ne se baissaient pas. Peut-être avait-elle pleuré depuis trois jours qu’elle n’avait pas quitté sa chambre ; mais la froideur de ses joues devait avoir glacé ses larmes. Ce fut elle qui parla la première.
« Alors, monsieur, cette affaire est terminée ?
– Oui, madame », répondit simplement Nantas.
Elle eut une moue involontaire, en l’enveloppant d’un long regard, qui semblait chercher en lui sa bassesse.
« Allons, tant mieux, reprit-elle. Je craignais de ne trouver personne pour un tel marché. »
Nantas sentit, à sa voix, tout le mépris dont elle l’accablait. Mais il releva la tête. S’il avait tremblé devant le père, en sachant qu’il le trompait, il entendait être solide et carré en face de la fille, qui était sa complice.
« Pardon, madame, dit-il tranquillement, avec une grande politesse, je crois que vous vous méprenez sur la situation que nous fait à tous deux ce que vous venez d’appeler très justement un marché. J’entends que, dès aujourd’hui, nous nous mettions sur un pied d’égalité…
– Ah ! vraiment, interrompit Flavie, avec un sourire dédaigneux.
– Oui, sur un pied d’égalité complète… Vous avez besoin d’un nom pour cacher une faute que je ne me permets pas de juger, et je vous donne le mien. De mon côté, j’ai besoin d’une mise de fonds, d’une certaine position sociale, pour mener à bien de grandes entreprises, et vous m’apportez ces fonds. Nous sommes dès aujourd’hui deux associés dont les apports se balancent, nous avons seulement à nous remercier pour le service que nous nous rendons mutuellement. »
Elle ne souriait plus. Un pli d’orgueil irrité lui barrait le front. Pourtant elle ne répondit pas. Au bout d’un silence, elle reprit :
« Vous connaissez mes conditions ?
– Non, madame, dit Nantas, qui conservait un calme parfait. Veuillez me les dicter, et je m’y soumets d’avance. »
Alors, elle s’exprima nettement, sans une hésitation ni une rougeur.
« Vous ne serez jamais que mon mari de nom. Nos vies resteront complètement distinctes et séparées. Vous abandonnerez tous vos droits sur moi, et je n’aurai aucun devoir envers vous. »
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Questions
1) Définissez l’attitude de chacun des personnages après avoir relevé des termes les qualifiant.
Vous répondrez dans le tableau que vous avez téléchargé dans l’exercice de l’extrait 1.
2) Pour quelles raisons peut-on affirmer que cette scène illustre bien la visée essentielle de la littérature réaliste ?
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Extrait 4 La réussite
Dix années s’étaient écoulées. Un matin, Nantas se trouvait dans le cabinet où le baron Danvilliers l’avait autrefois si rudement accueilli, lors de leur première entrevue. Maintenant, ce cabinet était le sien ; le baron, après s’être réconcilié avec sa fille et son gendre, leur avait abandonné l’hôtel, en ne se réservant qu’un pavillon situé à l’autre bout du jardin, sur la rue de Beaune. En dix ans, Nantas venait de conquérir une des plus hautes situations financières et industrielles. Mêlé à toutes les grandes entreprises de chemins de fer, lancé dans toutes les spéculations sur les terrains qui signalèrent les premières années de l’Empire, il avait réalisé rapidement une fortune immense. Mais son ambition ne se bornait pas là, il voulait jouer un rôle politique, et il avait réussi à se faire nommer député, dans un département où il possédait plusieurs fermes. Dès son arrivée au Corps législatif, il s’était posé en futur ministre des Finances. Par ses connaissances spéciales et sa facilité de parole, il y prenait de jour en jour une place plus importante. Du reste, il montrait adroitement un dévouement absolu à l’Empire, tout en ayant en matière de finances des théories personnelles, qui faisaient grand bruit et qu’il savait préoccuper beaucoup l’empereur.
Ce matin-là, Nantas était accablé d’affaires. Dans les vastes bureaux qu’il avait installés au rez-de-chaussée de l’hôtel, régnait une activité prodigieuse. C’était un monde d’employés, les uns immobiles derrière des guichets, les autres allant et venant sans cesse, faisant battre les portes ; c’était un bruit d’or continu, des sacs ouverts et coulant sur les tables, la musique toujours sonnante d’une caisse dont le flot semblait devoir noyer les rues. Puis, dans l’antichambre, une cohue se pressait, des solliciteurs, des hommes d’affaires, des hommes politiques, tout Paris à genoux devant la puissance. Souvent, de grands personnages attendaient là patiemment pendant une heure. Et lui, assis à son bureau, en correspondance avec la province et l’étranger, pouvant de ses bras étendus étreindre le monde, réalisait enfin son ancien rêve de force, se sentait le moteur intelligent d’une colossale machine qui remuait les royaumes et les empires.
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Questions
1) En étudiant les champs lexicaux, les figures de style, le rythme des phrases, montrez que Nantas est « arrivé ».
2) Est-il encore ambitieux ?
Étude du tableau de Gustave Caillebotte Jeune homme à la fenêtre.
Cette toile a été peinte en 1876. Il s’agit là du lieu d’habitation du peintre de 1868 à 1879, dans l’hôtel particulier construit pour sa famille à l’angle de la rue de Lisbonne, à Paris. Ami et collectionneur des peintres impressionnistes dont il était l’un des mécènes, Gustave Caillebotte est resté célèbre pour le réalisme de sa peinture, son goût pour les scènes quotidiennes, la qualité quasi photographique de ses toiles (les clichés de son frère, photographe réputé, lui servaient d’ailleurs parfois de modèles)). Doté d’une certaine fortune, on l’a accusé d’être un peintre « bourgeois ». Voyez ce qu’en disait d’ailleurs un « certain » Emile Zola dans le journal Le messager de l’Europe en 1876 : «C’est une peinture antiartistique, une peinture proprette comme du verre, une peinture bourgeoise, en raison de la précision de la copie. La photographie de la réalité n’est pas marquée du sceau original du talent du peintre, c’est une piètre chose. » C’est dur… Il nous semble pourtant intéressant d’étudier cette œuvre dans le sens où, justement, elle « raconte » une histoire bourgeoise. Cet intérieur cossu, ce jeune homme aux épaules carrées, planté sur ses deux jambes, dominant l’avenue ensoleillée d’un beau quartier : cela fait penser à Nantas !
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Extrait 5 Le refus
« Écoutez, continua-t-il, ce que j’ai fait, je l’ai fait pour vous… D’abord, c’est vrai, vous ne comptiez pas, je travaillais pour la satisfaction de mon orgueil. Puis, vous êtes devenue l’unique but de toutes mes pensées, de tous mes efforts. Je me disais que je devais monter le plus haut possible, afin de vous mériter. J’espérais vous fléchir, le jour où je mettrais à vos pieds ma puissance. Voyez où je suis aujourd’hui. N’ai-je pas gagné votre pardon ? Ne me méprisez plus, je vous en conjure ! »
Elle n’avait pas encore parlé. Elle dit tranquillement :
« Relevez-vous, monsieur, on pourrait entrer. »
Il refusa, il la supplia encore. Peut-être aurait-il attendu, s’il n’avait pas été jaloux de M. des Fondettes. C’était un tourment qui l’affolait. Puis, il se fit très humble.
« Je vois bien que vous me méprisez toujours. Eh bien ! attendez, ne donnez votre amour à personne. Je vous promets de si grandes choses, que je saurai bien vous fléchir. Il faut me pardonner, si j’ai été brutal tout à l’heure. Je n’ai plus la tête à moi… Oh ! laissez-moi espérer que vous m’aimerez un jour !
– Jamais ! » prononça-t-elle avec énergie.
Et, comme il restait par terre, écrasé, elle voulut sortir. Mais, lui, la tête perdue, pris d’un accès de rage, se leva et la saisit aux poignets. Une femme le braverait ainsi, lorsque le monde était à ses pieds ! Il pouvait tout, bouleverser les États, conduire la France à son gré, et il ne pourrait obtenir l’amour de sa femme ! Lui, si fort, si puissant, lui dont les moindres désirs étaient des ordres, il n’avait plus qu’un désir, et ce désir ne serait jamais contenté, parce qu’une créature, d’une faiblesse d’enfant, refusait ! Il lui serrait les bras, il répétait d’une voix rauque :
« Je veux… Je veux…
– Et moi je ne veux pas », disait Flavie toute blanche et raidie dans sa volonté.
Question
Dans un développement composé de deux parties, vous ferez part de l’évolution de l’attitude de Nantas. Vous justifierez vos affirmations à l’aide de relevés précis tirés du texte.
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Extrait 6 La fin
Rien n’était changé. Le papier avait les mêmes déchirures, le lit, la table et la chaise se trouvaient toujours là, avec leur odeur de pauvreté ancienne. Il respira un moment cet air qui lui rappelait les luttes d’autrefois. Puis, il s’approcha de la fenêtre et il aperçut la même échappée de Paris, les arbres de l’hôtel, la Seine, les quais, tout un coin de la rive droite, où le flot des maisons roulait, se haussait, se confondait, jusqu’aux lointains du Père-Lachaise.
Le revolver était sur la table boiteuse, à portée de sa main. Maintenant, il n’avait plus de hâte, il était certain que personne ne viendrait et qu’il se tuerait à sa guise. Il songeait et se disait qu’il se retrouvait au même point que jadis, ramené au même lieu, dans la même volonté du suicide. Un soir déjà, à cette place, il avait voulu se casser la tête ; il était trop pauvre alors pour acheter un pistolet, il n’avait que le pavé de la rue, mais la mort était quand même au bout. Ainsi, dans l’existence, il n’y avait donc que la mort qui ne trompât pas, qui se montrât toujours sûre et toujours prête. Il ne connaissait qu’elle de solide, il avait beau chercher, tout s’était continuellement effondré sous lui, la mort seule restait une certitude. Et il éprouva le regret d’avoir vécu dix ans de trop. L’expérience qu’il avait faite de la vie, en montant à la fortune et au pouvoir, lui paraissait puérile. À quoi bon cette dépense de volonté, à quoi bon tant de force produite, puisque, décidément, la volonté et la force n’étaient pas tout ? Il avait suffi d’une passion pour le détruire, il s’était pris sottement à aimer Flavie, et le monument qu’il bâtissait, craquait, s’écroulait comme un château de cartes, emporté par l’haleine d’un enfant. C’était misérable, cela ressemblait à la punition d’un écolier maraudeur, sous lequel la branche casse, et qui périt par où il a péché. La vie était bête, les hommes supérieurs y finissaient aussi platement que les imbéciles.
Nantas avait pris le revolver sur la table et l’armait lentement. Un dernier regret le fit mollir une seconde, à ce moment suprême. Que de grandes choses il aurait réalisées, si Flavie l’avait compris ! Le jour où elle se serait jetée à son cou, en lui disant : « Je t’aime ! » ce jour-là, il aurait trouvé un levier pour soulever le monde. Et sa dernière pensée était un grand dédain de la force, puisque la force, qui devait tout lui donner, n’avait pu lui donner Flavie.
Il leva son arme. La matinée était superbe. Par la fenêtre grande ouverte, le soleil entrait, mettant un éveil de jeunesse dans la mansarde. Au loin, Paris commençait son labeur de ville géante. Nantas appuya le canon sur sa tempe.
Mais la porte s’était violemment ouverte, et Flavie entra. D’un geste, elle détourna le coup, la balle alla s’enfoncer dans le plafond. Tous deux se regardaient. Elle était si essoufflée, si étranglée, qu’elle ne pouvait parler. Enfin, tutoyant Nantas pour la première fois, elle trouva le mot qu’il attendait, le seul mot qui pût le décider à vivre :
« Je t’aime ! cria-t-elle à son cou, sanglotante, arrachant cet aveu à son orgueil, à tout son être dompté, je t’aime parce que tu es fort ! »
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Questions
1) Dans quelle mesure cet excipit est-il un retour en arrière ?
2) Quels sont les sentiments qui animent Nantas ?
3) En quoi cette scène de tentative de suicide est-elle une « leçon de réalisme » ?
4) Comment comprenez-vous l’attitude de Flavie ?
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Lisez la nouvelle dans son intégralité :
Nantas. Nouvelle d’Emile Zola. Texte intégral
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Le livre est ennuyant mais se n’est même pas ça le problème c’est la feuille double bourré de questions qui fait la suite !!!
Toujours aussi ennuyant, j’espère que dans 10 ans les élèves vont pas étudier cette chose(désolé mais faire une lecture linéaire et ce casser la tête pendant 10 ans a faire un devoir et au final pour avoir 0 , ça va pas me servir plus tard) bon je vous laisse, oof tah Lewandowski 👁️👁️
on est en 2021 et cette nouvelle est toujours aussi chiante à lire donc merci ce résumer m’as beaucoup aider pour mon exam de demain sur ce si des gens passent par là d’ici quelques années lâchez un commentaire tah Lewandolwsk i
Vous devriez la prochaine fois mettre le plan
ils est où le corriger la ????
pourquoi on peut dire que cette nouvelle est une nouvelle faustienne?
Ce site m’a servi quelque chose car j’ai appris beaucoup de choses passionnantes sur le personnages de Duroy et Nantas .
j’ai une évaluation sur cette nouvelle demain et ces résumés mon beaucoup aidées j’ai trouvée cette nouvelle géniale j’aime beaucoup la façon dont écrit Zola…..
bonjour j’aimerais avoir la date de publication du livre Nantas s’il vous plait merci beaucoup de me répondre
wsh les potos du 92
mais moi je veux resume
Le créateur du personnage de Nantas, du titre du roman qui l’écrivit en 1878 d’ailleurs « Nantas ». C’est Emile Zola : Emile Zola était-il complice de son personnage ?
C’est effectivement un bon moyen d’analyser la nouvelle, mais j’aurais aimé qu’il y ait la présence d’un résumé et d’une présentation des personnages.
Dommage…