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Humanisme – Étude et activités

L’Humanisme est un puissant mouvement intellectuel  qui s’est développé en Europe dès le début de la Renaissance et qui se caractérise par un retour aux textes antiques qui deviennent alors des modèles de vie, de pensée et d’écriture. Porté par des savants passionnés (les humanistes),  l’Humanisme place l’homme au cœur de ses préoccupations et considère qu’il peut devenir meilleur grâce à l’acquisition de savoirs.

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I) Origines du terme

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 Il vient du latin umanista, mot qui désigne, au XVIème siècle, celui qui est chargé d’enseigner les humanités (studia humanitatis en latin), c’est à dire les littératures et cultures grecques et latines. L’humaniste est donc un lettré chargé de transmettre un savoir, un homme de culture pour lequel  l’étude est un moyen de compléter les qualités naturelles de l’homme. L’Humanisme est ainsi un mouvement résolument optimiste qui, dans les domaines de la culture, de la philosophie ou de la politique, propose un modèle humain qui réussirait la synthèse de qualités intellectuelles, physiques et morales.

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Diffusion de l'Humanime en Europe

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Questions

1. Recherchez de courtes biographies de Léonard de Vinci, de Dürer et d’Érasme.

2. Pour quelles raisons peut-on dire que l’Humanisme est un mouvement européen ?

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II) Les caractéristiques de l’Humanisme

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a)      La soif de savoir

Avides de connaissances, les humanistes sont des passionnés de culture antique et vont effectuer d’immenses travaux de traductions et de comparaisons des textes anciens, qu’ils soient écrits en grec, en latin, en araméen, en arabe ou en hébreu. Polyglottes, les humanistes insistent sur l’étude approfondie des langues dont la maîtrise parfaite est garante d’un travail sérieux à partir d’une version originale. Ainsi la Bible sera-t-elle directement traduite de l’hébreu ou de l’araméen. Cette passion pour les études amènera les humanistes à échanger leurs points de vue, à communiquer et à se déplacer à travers l’Europe. Hommes de communication ils multiplieront, grâce aux nouvelles techniques d’imprimerie, traductions, éditions critiques et essais comme Erasme qui dans son livre Antibarbares affirme que seule la connaissance des textes anciens peut nous amener à la civilisation et faire de nous des « honnêtes hommes ». Cette curiosité intellectuelle s’étendra à tous les domaines de la connaissance humaine.

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Page de titre d'une traduction de Xénophon (philosophe et historien grec), de Jean de Tournes, 1555

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b)     La place centrale de l’homme

Selon les humanistes, l’homme peut être heureux en développant ses qualités intellectuelles et physiques. Pour parvenir à ce bien-être complet, une solution : l’éducation. C’est pour cette raison que les pratiques pédagogiques occupent une place prépondérante dans les réflexions humanistes. Des auteurs tels qu’Erasme ou Montaigne ont développé des méthodes d’enseignement novatrices, fondées sur un apprentissage continu et progressif qui accompagne l’enfant jusqu’à l’âge adulte. Ils s’opposent en cela à l’éducation traditionnelle de l’époque qui reposait sur le « dressage » de l’enfant à coups de « par-cœur » et de châtiments corporels. Au contraire les humanistes proposent un enseignement varié (Histoire-Géographie, Langues, Sciences, Mathématiques, Musique, Education physique, etc.) qui permettront la formation d’un homme complet, sage et ouvert d’esprit comme l’évoque François Rabelais dans Gargantua. Concrètement cela aboutira à la création de nouvelles écoles dans toute l’Europe, comme le « Collège des lecteurs royaux » en France, institution créée par le roi François Ier sur les conseils de l’humaniste Guillaume Budé.

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Manuel d'alphabet grec

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Entrée du Collège de France, anciennement Collège des Lecteurs Royaux, 1530

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c)      La question religieuse

Pour les humanistes, qui ont été parfois accusés de favoriser le retour du paganisme, il est hors de question d’opposer l’étude des civilisations grecque et romaine à la religion chrétienne. Bien au contraire, selon eux, la philosophie grecque a préparé le monde à la religion chrétienne qui serait donc son aboutissement. Ainsi Erasme a-t-il défendu un humanisme chrétien qui réconcilie liberté humaine et religion en offrant à chaque individu la possibilité de s’adresser directement à Dieu sans avoir recours à des rites compliqués et dénués de sens. Ainsi les humanistes sont, en partie, impliqués dans la Réforme protestante du XVIème siècle dont les chefs de file sont Jean Calvin en Suisse et Martin Luther en Allemagne.

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La vraie et la fausse église, gravure de Lucas Cranach le Jeune, artiste peintre allemand, 1547

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Lucas Cranach le Jeune est protestant. Cette gravure est un document de propagande qui fait l’éloge de la foi protestante.

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d)     La question politique

Les humanistes vivent dans des pays déchirés par des guerres continuelles. C’est pour cette raison que la question du pouvoir est au cœur de leurs préoccupations. En hommes tournés vers les autres ils sont nombreux à pencher pour une résolution pacifique des conflits, et préconisent de bien conseiller les Princes et les Rois afin qu’ils n’oublient pas quels sont leurs droits, mais aussi leurs devoirs, envers les peuples. Cependant les avis peuvent diverger. Si Nicolas Machiavel dans son ouvrage Le Prince (1513) estime que la force est un moyen efficace de gouvernement, Etienne de la Boétie dans son Discours de la servitude volontaire (1555) ne peut concevoir une société où une minorité domine et où une majorité accepte cet assujettissement. Pour l’humaniste, la réflexion politique est au cœur de la réflexion sur l’homme.

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Portrait de Nicolas Machiavel (1469-1527)

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Discours de la servitude volontaire, de Etienne de la Boétie, 1548

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e)      La question de l’altérité

En quelques années, les Européens ont ouvert des voies maritimes qui les ont mis en contact avec des sociétés dont ils n’avaient pas supposé l’existence. Une nouvelle réflexion s’engage sur la notion d’Humanité au moment même où les conquérants Portugais et Espagnols s’imposent avec violence dans le « nouveau monde », arguant de leur mission « civilisatrice » pour masquer leur cupidité et leur cruauté. Des humanistes tels que François Montaigne ou Jean de Léry vont ainsi remettre en cause la définition européenne du « sauvage » et du « civilisé » en dénonçant des a priori qui, aujourd’hui encore, ont la vie dure. Ainsi Montaigne dans ses Essais écrits à partir de 1572 fait-il l’éloge du voyage, démarche essentielle pour mieux comprendre l’autre, et se comprendre soi-même : « Le voyager me semble un exercice profitable. L’âme y a une continuelle exercitation (1) à remarquer des choses inconnues et nouvelles ; et je sache point meilleure école, comme j’ai dit souvent, à former la vie, que de lui proposer incessamment la diversité de tant d’autres vies, fantaisies et usances et lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature. »

(1)   Entraînement

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Fête brésilienne donnée à Rouen en l'honneur du roi Henri II, 1550

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Spectacle de la « vie sauvage » offert par les Normands au roi Henri II et à Catherine de Médicis pour leur entrée solennelle à Rouen. Dans un décor de forêt vierge, cinquante Tupinamba et Tamoyos, « tous nudz, hallez et herissonnez, sans aucunement couvrir la partie que la nature commande », au visage « entrelardé d’émeraudes, courant à travers des taillis après des singes et des sagouins, au vol effrayé des perroquets » interprètent des scènes de la vie quotidienne et des scènes de combat, deux cent cinquante matelots jouant les utilités.

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Michel de Montaigne

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Activités

Le rapport à l’autre est un élément important de la réflexion humaniste. Le fait d’envisager l’autre permet, en le considérant sans préjugés,  de porter sur soi un regard distancié, d’engager une  analyse critique de soi-même susceptible de nous rendre meilleur.   Pour l’humaniste, analyse critique de soi et altérité sont donc indissociables. Dans les trois extraits que nous allons étudier, nous verrons en quoi le contact des autres participe à la constitution de notre personnalité et nous permet d’adopter une attitude raisonnable et lucide.

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Texte 1  Jean de Léry, Histoire d’un voyage en la terre du Brésil, 1578

Ce récit a été publié vingt ans après le voyage de l’auteur au Brésil, où il a été envoyé par Jean Calvin afin de vivre auprès des indiens Tupinambas. Dans un passage qui précède cet extrait, il a évoqué avec beaucoup de précision des scènes d’anthropophagie. Cela l’amène à évoquer la question de la sauvagerie.

Je pourrais encore amener quelques autres semblables exemples, touchant la cruauté des sauvages envers leurs ennemis, si ce n’était, il me semble, que ce que j’en ai dit est assez pour faire horreur et dresser à chacun les cheveux sur la tête. Néanmoins, afin que ceux qui liront ces choses tant horribles, exercées journellement entre ces nations barbares du Brésil, pensent aussi un peu de près à ce qui se fait par deçà (1) parmi nous, je dirai en premier lieu sur cette matière, que si on considère à bon escient ce que font nos gros usuriers (2) (suçant le sang et la moelle, et par conséquent mangeant tout vivants, tant de veuves, orphelins et autres pauvres personnes auxquels il vaudrait mieux couper la gorge tout d’un coup que de les faire languir), on dira qu’ils sont encore plus cruels que les sauvages dont je parle. Voilà aussi pourquoi le Prophète dit que de telles gens écorchent la peau, mangent la chair, rompent et brisent les os du peuple de Dieu, comme s’ils les faisaient bouillir dans une chaudière. Davantage (3), si on veut venir à l’action brutale de mâcher et de manger réellement (comme on parle) la chair humaine, ne s’en est-il point trouvé en ces régions de par deçà, voire même entre ceux qui portent le titre de chrétiens, tant en Italie qu’ailleurs qui, ne s’étant pas contenté d’avoir fait cruellement mourir leurs ennemis, n’ont pu rassasier leur courage sinon en mangeant de leur foie et de leur cœur ? Je m’en rapporte aux histoires. Et sans aller plus loin, en la France, quoi (4) ? (Je suis français et me fâche de le dire.) Durant la sanglante tragédie qui commença à Paris le 24 août 1572 (5) dont je n’accuse point ceux qui n’en sont pas cause, entre autres actes horribles à raconter qui se perpétrèrent alors par tout le royaume, la graisse des corps humains (qui d’une façon plus barbare et cruelle que celle des sauvages, furent massacrés dans Lyon, après être retirés de la rivière de Saône) ne fut-elle pas vendue publiquement au plus offrant et dernier enchérisseur ? Les foies, cœurs et autres parties des corps de quelques-uns ne furent-ils pas mangés par les furieux meurtriers dont les Enfers ont horreur ? […]

Il y a encore des milliers de personnes en vie qui témoigneront de ces choses non jamais auparavant ouïes entre peuples quels qu’ils soient, et les livres qui depuis longtemps en sont déjà imprimés en feront foi à la postérité. Tellement que non sans cause, quelqu’un duquel je proteste de ne savoir le nom, après cette exécrable boucherie du peuple français, reconnaissant qu’elle surpassait toutes celles dont on avait jamais ouï parler, pour l’exagérer fit ces vers suivants :

Riez Pharaon

Achab et Néron

Hérodes (6) aussi

Votre barbarie

Est ensevelie

Par ce fait ici.

Par quoi, qu’on n’abhorre (7) plus tant désormais la cruauté des sauvages anthropophages, c’est-à-dire mangeurs d’hommes ! Car, puisqu’il y en a de tels, voire d’autant plus exécrables et pires au milieu de nous, qu’eux qui, comme il a été vu, ne se ruent que sur les nations qui leur sont ennemies, (et celles-ci se sont plongées au sang de leurs parents, voisins et compatriotes), il ne faut pas aller si loin qu’en leur pays, ni qu’en Amérique pour voir choses si monstrueuses et prodigieuses.

(1)   Du côté européen de l’Atlantique. (2) Prêteurs d’argent. (3) De plus. (4) Qu’est-il arrivé ? (5) Date du massacre de la Saint-Barthélemy. (6) Noms de souverains cruels. (7) Qu’on ne déteste plus.

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Questions

1)      Quel champ lexical domine dans ce texte ?

2)      Quelle est la thèse de l’auteur ?

3)      Repérez les différents exemples que Jean de Léry utilise afin de soutenir sa thèse.

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Texte 2  Michel de Montaigne, Essais, Livre III, Chapitre 9, « Sur la vanité », 1580

Ouvert au monde, l’humaniste est curieux face à la diversité des pratiques culturelles. Grand voyageur, François Montaigne a pu constater « l’aveuglement » de certains de ses concitoyens, victimes de leurs préjugés et de leur « vanité ».

J’ai une constitution physique qui se plie à tout et un goût qui accepte tout, autant qu’homme au monde (1). La diversité des façons d’une nation à une autre ne me touche que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison. Soient des assiettes d’étain, de bois, de terre ;  du bouilli ou du rôti ; beurre ou huile de noix ou d’olive ; chaud ou froid, tout m’est un ; et si un, que vieillissant, j’accuse (2) cette généreuse faculté et j’aurais besoin que la délicatesse et le choix arrêtât l’indiscrétion de mon appétit et parfois soulageât mon estomac. Quand j’ai été ailleurs qu’en France, et que, pour me faire courtoisie, on m’a demandé si je voulais être servi à la française, je m’en suis moqué et me suis toujours jeté aux tables les plus épaisses (3) d’étrangers.

J’ai honte de voir nos hommes enivrés de cette humeur, de s’effaroucher des formes contraires aux leurs : il leur semble être hors de leur élément naturel quand ils sont hors de leur village. Où qu’ils aillent, ils se tiennent à leurs façons et abominent les étrangères. Retrouvent-ils un compatriote en Hongrie, ils festoient cette aventure : les voilà à se rallier et à se recoudre ensemble, à condamner tant de mœurs barbares qu’ils voient. Pourquoi  ne seraient-elles pas barbares, puisqu’elles ne sont pas françaises ? Encore sont-ce les plus habiles qui les ont reconnues, pour en médire. La plupart ne partent en voyage que pour faire le retour. Ils voyagent couverts et resserrés d’une prudence taciturne et incommunicable, se défendant de la contagion d’un air inconnu.

Ce que je dis de ceux-là me rappelle en chose semblable, ce que j’ai parfois aperçu en aucuns de nos jeunes courtisans. Ils ne tiennent qu’aux hommes de leur sorte, nous regardant comme gens de l’autre monde, avec dédain ou pitié. Otez-leur les entretiens des mystères de la cour, ils sont hors de leur gibier (4), aussi neufs pour nous et malhabiles comme nous sommes à eux. On dit vrai qu’un honnête homme est un homme mêlé. Au contraire de nos compatriotes, je voyage fatigué de nos façons de vivre, non pour chercher des Gascons en Sicile (j’en ai laissé assez au pays) ; je cherche plutôt des Grecs, et des Persans : c’est ceux-là que j’aborde, que j’observe ; c’est à cela que je me prête et que je m’emploie. Et qui plus est : il me semble que je n’ai guère rencontré de manières qui ne vaillent pas les nôtres.

(1)   Autant qu’un homme qui côtoie la société se doit de le faire.  (2) J’ai à me plaindre de. (3) Où les étrangers sont les plus nombreux. (4) Centre d’intérêt.

 

Questions

1)      Pourquoi, à votre avis, cet extrait se situe-t-il dans le chapitre intitulé « Sur la vanité » ?

2)      Relevez l’énumération du premier paragraphe. En quoi illustre-t-elle la thèse défendue par Montaigne ?

3)      Dans quelle mesure l’auteur se démarque-t-il de ses compatriotes ?

4)      Comment comprenez-vous l’expression : « Un honnête homme est un homme mêlé» ?

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Texte 3 François Rabelais, Pantagruel, 1532

Pantagruel est le fils de Gargantua. Dans ce roman Gargantua raconte la formation de son fils depuis sa naissance. Dans une lettre qu’il adresse à Pantagruel, le père lui donne des conseils afin d’acquérir une éducation humaniste : étude et découverte des autres sont les maîtres mots de cet enseignement.

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Très cher fils,

Le monde entier est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de bibliothèques très amples, si bien que je crois que ni au temps de Platon, ni de Cicéron, ni de Papinien (1), il n’était aussi facile d’étudier que maintenant. Et dorénavant, celui qui ne sera pas bien poli (2) en l’officine de Minerve (3) ne pourra plus se trouver nulle part en société. Je vois les brigands, bourreaux, aventuriers, palefreniers de maintenant plus doctes que les docteurs et prédicateurs de mon temps.

Même les femmes et les filles ont aspiré à cette louange et à cette manne céleste (4) de la bonne science. Si bien qu’à mon âge j’ai été obligé d’apprendre le grec, non que je l’aie méprisé comme Caton ((), et volontiers je me délecte à lire les Traités moraux de Plutarque (6), les Monuments de Pausanias (7) et les Antiquités d’Athénée (8), en attendant l’heure qu’il plaise à Dieu mon créateur de m’appeler et de sortir de cette terre.

C’est pourquoi, mon fils, je t’admoneste d’employer ta jeunesse à bien profiter de tes études. Tu es à Paris, tu as ton percepteur Epistémon (9) : l’un peut te donner de la doctrine par ses instructions vivantes et vocales, l’autre (10) par des exemples louables. J’entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement : d’abord la grecque, comme le veut Quintilien (11). Puis la latine. Puis l’hébraïque pour l’Ecriture sainte, ainsi que la chaldaïque (12) et l’arabe. Et que tu formes ton style, pour la grecque à l’imitation de Platon, et pour la latine, de Cicéron. Qu’il n’y ait d’histoire que tu n’aies à la mémoire, à quoi t’aidera la cosmographie (13). Les arts libéraux, géométrie, arithmétique, musique, je t’en ai donné quelque goût quand tu étais encore petit, vers tes cinq six ans. Continue le reste, et sache tous les canons (14) d’astronomie ; laisse l’astrologie divinatrice et l’art de Lulle, abus et vanités (15). Du droit civil je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu les rapproches de la philosophie.

Quant à la connaissance des sciences naturelles, je veux que tu t’y adonnes avec zèle ; qu’il n’y ait mer, rivière ni fontaine dont tu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de l’air ; tous les arbres, arbustes, et fruitiers des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les matériaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries d’Orient et de l’Afrique ; que rien ne te soit inconnu.

Puis avec soin, relis les livres des médecins : grecs, arabes, latins, sans mépriser les talmudistes et cabalistes (16), et, par de fréquentes dissections, acquiers la parfaite connaissance de ce second monde qu’est l’homme (17).

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(1)   Platon (428-348 av. JC) est un philosophe grec ; Cicéron (106-43 av.JC) est un homme politique et orateur romain ; Papinien est un juriste romain du IIIème siècle ap. JC.

(2)   Raffiné

(3)   Déesse de la sagesse, des sciences et des arts

(4)   Les humanistes considèrent que le savoir est un don de Dieu

(5)   Caton (234-149 av. JC) : homme politique romain qui découvrit tardivement la littérature grecque

(6)   Plutarque (50 -125 ap . JC) : historien et moraliste grec

(7)    Pausanias (Vème siècle av. JC) : général spartiate, il commanda l’armée grecque qui battit les Perses.

(8)   Athénée (II-IIIème siècle ap . JC) : grammairien grec

(9)   Son nom est formé à partir du grec epistémé qui signifie « science, connaissance »

(10)                      « L’un » désigne Epistémon, « l’autre » désigne la ville de Paris

(11)                      Quintilien (42-100 ap . JC) : professeur d’art oratoire romain

(12)                      Le chaldéen

(13)                      Description de l’univers

(14)                      Règle, loi

(15)                      Allusion aux recherches de l’alchimiste Lulle

(16)                      Les médecins juifs, très renommés, se fondent sur deux ouvrages fondamentaux : le Talmud et la Kabbale

(17)                      Rabelais pratiquait la dissection

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Questions

1)      Quelle est la place de l’Antiquité dans l’éducation humaniste ? Justifiez votre réponse.

2)      Dans quelle mesure peut-on dire que la découverte de l’autre est fondamentale dans la formation humaniste ? Justifiez votre réponse.

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Texte complémentaire  Erasme, Œuvres choisies, 1514

Erasme, qui était moine, répond à une lettre de son supérieur de couvent qui lui demande de rentrer au monastère tout en lui reprochant sa façon de vivre. Erasme lui répond en insistant sur le fait qu’il ne veut pas rentrer car les lieux et les gens qu’il a rencontrés l’ont profondément changé.

Tu veux me fixer une demeure stable, ce que la vieillesse aussi ma conseille. Pourtant, on loue les voyages de Solon, de Pythagore et de Platon. Saint Jérôme (1), même devenu moine, est tantôt à Rome, tantôt en Syrie, tantôt ailleurs, même quand il a les cheveux blancs, il continue à travailler sur les Saintes Lettres.

Bien sûr, je ne lui suis pas comparable ; pourtant je n’ai jamais changé de lieu de résidence que contraint par la peste ou pour étudier et partout où j’ai vécu (je le dirais de moi en effet peut-être avec trop d’arrogance, mais avec vérité) j’ai reçu l’approbation de ceux qui en reçoivent le plus, parmi les éloges de ceux qui en obtiennent le plus. Il n’y a aucun pays, ni l’Espagne, ni l’Italie, ni l’Allemagne, ni la France, ni l’Angleterre, ni l’Ecosse, qui ne me propose son hospitalité. Et si je ne suis pas approuvé par tous (je ne le cherche d’ailleurs pas), du moins je reçois l’agrément des premiers personnages. A Rome, il n’y avait pas de cardinal qui ne me reçut comme un frère alors que de moi-même je n’aspirais à tien de tel.

Et cet honneur n’allait pas à mes richesses : aujourd’hui encore je n’en ai ni n’en désire ; ni à ma brigue (2) à laquelle j’ai toujours été très étranger ; mais seulement aux lettres dont nos compatriotes se moquent, mais que les Italiens adorent.

(1)   Savant de l’Eglise, spécialiste des études bibliques, comme l’est aussi Erasme.

(2)   Intrigue, coup tordu.

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Questions

1)      A quel genre de vie Erasme est-il attaché ? Comment comprenez-vous la comparaison avec Saint Jérôme ?

2)      Comment se sent-il à l’étranger ?

Quelle est la principale raison pour laquelle, selon lui, il est partout  bien reçu ?

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Texte  complémentaire  Erasme, De pueris, 1530

Dans son traité, le philosophe hollandais développe sa vision humaniste d’une éducation qui doit amener l’enfant à bien se comporter dans ses rapports aux autres.

Un enfant bien né (1) ne doit se disputer avec personne, pas même avec ses camarades; qu’il cède plutôt, si la chose paraît tourner en querelle, ou qu’il s’en reporte au jugement d’un tiers. Qu’il prenne garde d’afficher de la supériorité, de tirer vanité de lui-même, de reprendre la manière d’être des autres, de se moquer des coutumes et des moeurs étrangères, de divulguer ce qui lui a été confié sous le secret, de répandre des nouvelles extraordinaires, de blesser la réputation de personne, de reprocher à qui que ce soit une infirmité. C’est non seulement un outrage et une cruauté, mais une sottise que d’appeler borgne un borgne, boiteux un boiteux, louche un louche et bâtard un bâtard. Ensuivant ces conseils, un enfant mérite l’éloge, sans faire de jaloux, et s’acquiert des amitiés.

Il est impoli d’interrompre quelqu’un avant qu’il ait achevé son propos.

Un enfant doit n’avoir querelle avec personne, se montrer de bon accueil à tous, ne recevoir cependant qu’un petit nombre de camarades dans sa familiarité la plus intime, et ceux-là les choisir avec soin. Qu’il ne confie à personne ce qu’il veut tenir caché. Il est ridicule, en effet, d’attendre des autres une discrétion que tu n’as pas toi-même. Nul ne retient si bien sa langue qu’il n’ait un ami à qui il dévoilera le secret. Il est donc plus sûr d’éviter toute confidence dont tu aurais à rougir si elle était divulguée.

(1)   Noble

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Questions

1)      Relevez quelles sont, selon Erasme, les différentes qualités que doit posséder un « enfant bien né ».

2)      Dans quelle mesure ces qualités relèvent-elles d’une vision humaniste de la société ?

 

11 réponses
  1. avatar
    PetitLapinMignon dit :

    J’adore vos documents Monsieur Hottin, très bien expliqués, ils nous sont d’une grande aide pour nos recherches… Continuez d’archiver des documents de ce genre, nous vous serons très reconnaissants !!! Signées : Les Littéraires de la Première de Do-Kamo !!! 😀

  2. avatar
    velyna mjnknkyyy dit :

    yeeeees!!! Merci beaucoup pour l’instruction j’en tire beaucoup de choses surtout ça m’a ouvert l’esprit d’apprendre la littérature !!! je tiens à vous remercier du plus profond de mon kerrrr !!!

  3. avatar
    nylyrem dit :

    Je suis perdue!! est-ce Michel de Montaigne ou François de Montaigne?!? A l’aide s’il vous plaît. Aidez-moi

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