Les sept jeunes admissibles à Sciences Po passent une semaine ensemble
Les sept lycéens à avoir été déclarés admissibles à Sciences Po ont passé une semaine à l’université d’hiver : logés à l’internat du Lycée Lapérouse, ils ont rendu visite à tout ce que le Territoire compte d’institutions : Le gouvernement, le Haut-Commissariat, le Sénat Coutumier, l’Université de la Nouvelle-Calédonie, l’usine de Vavouto, la Province Nord, la CPS, la délégation de la Commission Européenne, Nouvelle-Clédonie Première, télé et radio, l’ISEE. Ils ont aussi assisté à une conférence sur la géopolitique du Pacifique Sud.
Ce groupe de jeunes composé de deux élèves de Poindimié, deux du Grand Nouméa, deux de Do Kamo et un de Anova ont passé une super semaine, relayée par les médias (cf. les extraits des Nouvelles Calédoniennes ci-dessous).
« C’était très enrichissant, nous avons appris énormément de choses sur notre Pays. On a aussi rencontré des élèves des autres lycées, travaillé, vécu avec eux, ce fut un grand moment » raconte Anne-Lise.
Voici les articles consacrés à leur aventure :
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Sur la voie de Sciences Po
Publié le mardi 11 septembre 2012 à 03H00
Sept lycéens pourraient intégrer Sciences Po en septembre 2013. Sept candidats qui ont réussi leur oral d’admissibilité mais à qui il reste une semaine marathon, un bac et un grand oral à boucler. Parmi ces motivés : Aurore, Harlan et Lucy.
Aurore Poawi, Harlan Tafili et Lucy Rebel doivent décrocher leur bac dès le premier tour, fin novembre.
Photo Jacquotte Samperez
«Il faut parfois cesser de parler des problèmes de l’alcool et des incivilités dans les établissements scolaires pour aussi parler de choses meilleures », avait souligné le membre du gouvernement en charge de l’Enseignement, Jean-Claude Briault, il y a une semaine alors qu’il présentait le concours des Olympiades. Le meilleur le voilà. Sept jeunes lycéens issus des cinq lycées ayant signé une convention d’éducation prioritaire (*) ont réussi, fin août, leur oral d’admissibilité. La première des trois épreuves qui leur ouvrira, en septembre prochain, les portes de Sciences Po, à Paris.
Egypte. Ainsi, ces sept élèves en classe de terminale ont travaillé durant six semaines sur un sujet d’actualité, ont réalisé un dossier de presse avant d’en présenter une synthèse globale puis une synthèse personnelle aux cinq membres du jury qui se tenaient face à eux les mardi 28 et jeudi 30 août dernier.
« J’étais vraiment stressée, c’était un exercice difficile pour moi, explique la timide Aurore, 16 ans, qui a planché sur « la situation post-révolutionnaire en Egypte ». Au programme : islamisme, printemps arabe et rôle de l’armée. « L’Egypte est un pays qui me passionne. Je ne pouvais pas choisir un autre sujet », explique l’élève en terminale économique et sociale du lycée Do Kamo qui a décroché son bac blanc au rattrapage mais compte « bien se mettre à travailler sérieusement d’ici la fin du mois de novembre » pour décrocher l’ultime diplôme avec mention.
Car sans un baccalauréat réussi dès le premier tour, nos sept candidats ne pourront prétendre au grand oral d’admission à Sciences Po qui se déroulera mi-décembre à Paris.
Et Lucy, 17 ans, a toutes les chances d’obtenir ce précieux sésame, même si la jeune lycéenne du Grand Nouméa avoue avoir obtenu « au finish » sa mention très bien au bac blanc scientifique. « J’ai eu une mauvaise note en chimie, lance celle qui a eu 14/20 à son oral d’admissibilité mais dit « ne pas avoir assuré ». « Mais je suis extrêmement motivée et cela m’a énormément plu de décortiquer la presse. Cela m’a donné le goût du journalisme et je me vois bien faire une école. »
Curiosité. A côté de Lucy pour qui « l’influence du Front de gauche et du Front national dans les législatives » n’a plus de secret, Harlan, 18 ans, qui s’est concentré sur le conflit syrien. En terminale littéraire au lycée Apollinaire-Anova, le jeune homme continue, aujourd’hui, à s’intéresser à « l’actualité ». « Ma problématique était “la crise syrienne est-elle la crise de l’ONU ?”, un sujet d’ampleur qui m’a permis d’aller au-delà de la Syrie, d’explorer la presse, les notions de points de vue. Moi qui me suis intéressé aux réunions sur Sciences Po par simple curiosité, je veux aujourd’hui y entrer pour continuer à m’enrichir, à travailler cette curiosité.»
Ce matin, les sept candidats sont partis à la découverte de l’usine du Nord, première étape d’une semaine marathon [lire ci-contre] « qui doit leur permettre d’accumuler des savoirs, de développer leur courage intellectuel et leur personnalité, explique Jean-Luc Balmelle, proviseur du lycée du Grand Nouméa. Il s’agit-là de répondre au vrai projet éducatif de Sciences Po. »
* Lycées du Grand Nouméa, Williama-Haudra, Do Kamo, Appollinaire-Anova et Antoine-Kela.
Les sept candidats étaient, hier matin, au gouvernement pour s’opposer aux « ministres » ou encore au vice-recteur Patrick Dion sur des thèmes aussi précis que l’ouverture à la concurrence ou la collégialité. Premier rendez-vous d’une semaine chargée en découvertes qui devrait leur permettre de clarifier le rôle des institutions, « leur principale faiblesse », selon Sonia Backès. Après l’usine du Nord, la province Nord ou une conférence sur la géopolitique du Pacifique Sud, les sept visiteront Les Nouvelles calédoniennes demain soir, la CPS jeudi et la province Sud, vendredi.
Marion Pignot
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Anne-Lyse Thyna
Leader de demain
Publié le jeudi 13 septembre 2012 à 03H00
Elève au lycée Do Kamo, Anne-Lyse Thyna vient de réussir l’épreuve d’admissibilité pour le concours Sciences Po Paris. Une opportunité à laquelle elle n’osait même pas rêver il y a deux ans, au moment où elle quittait son Vanuatu natal pour s’installer en Nouvelle-Calédonie.
Anne-Lyse ne s’imaginait pas faite pour les études. Pourtant, le 28 août, comme six autres de ses camarades calédoniens, elle a obtenu le précieux sésame pour passer le concours d’une des plus prestigieuses écoles de la République : l’Institut d’études politiques de Paris. Tout n’est pas encore joué, bien sûr. Il faut encore qu’elle réussisse son bac du premier coup pour pouvoir partir à Paris en décembre, où l’attend la dernière étape de ce long périple : le grand oral d’admission au sein même de l’institution. « C’est fascinant de savoir que je peux entrer dans une aussi grande école, s’étonne encore Anne-Lyse. C’est une chance de pouvoir y accéder sans avoir à passer les écrits qui sont vraiment très difficiles. Sinon, je n’aurais jamais osé y penser », concède la jeune fille au parcours scolaire surprenant.
Ailleurs. Anne-Lyse est née en 1992 au Vanuatu. Là-bas, sa scolarité est assez houleuse, ses résultats pas vraiment brillants. Après avoir redoublé sa troisième, une période qu’elle qualifie de « difficile », elle décide de tout reprendre à zéro. « Je ne voulais pas continuer mes études au Vanuatu. Je ressentais l’envie d’un ailleurs », confie la lycéenne.
Elle convainc son père de la laisser partir en Nouvelle-Calédonie où, elle en est sûre, elle fera de meilleures études. Lorsqu’elle arrive sur le Caillou en 2010, la jeune fille est accueillie chez un couple d’amis auquel ses parents l’ont confiée, « des gens merveilleux qui m’ont toujours encouragée ». « Sans eux, je ne serais jamais arrivée jusque-là », reconnaît Anne-Lyse qui vit toujours dans sa famille d’accueil. Elle intègre une seconde au lycée Do Kamo, dans le quartier de la Vallée-des-Colons, puis une première littéraire. C’est à cette époque que sa classe reçoit la visite d’enseignants et d’étudiants de Sciences Po, venus faire la promotion de leur école. « J’ai vraiment été impressionnée par leur parcours et je me suis dit : c’est dans cette école-là que je veux faire mes études. »
Egalité. Le lycée Do Kamo est l’un des cinq établissements calédoniens à avoir signé en 2009 une convention d’éducation prioritaire. Ce dispositif, véritable promotion de l’égalité des chances, permet aux lycéens les plus méritants issus des classes moyennes ou défavorisées, d’accéder à de grandes écoles.
Une fois en terminale, Anne-Lyse s’inscrit à la préparation du concours d’admissibilité. Celui-ci porte sur une question d’actualité qu’il faut préparer assidûment pendant six semaines. Pour la candidate, ce sera la Birmanie. « J’ai été impressionnée par Aung San Suu Kyi, cette femme extraordinaire qui a mené un vrai combat pour son pays, et qui est aimée du monde entier », s’émerveille la jeune vanuataise peu habituée à voir des femmes politiques, un « genre » sous-représenté dans les institutions de son pays. « Je veux faire de la politique. Je veux être utile à mon pays ou à la Nouvelle-Calédonie qui m’a offert ce rêve », ambitionne la lycéenne.
Pendant une semaine, Anne-Lyse a participé, aux côtés de ses camarades admissibles, à « l’université d’hiver » : il s’agit d’une visite des institutions politiques (provinces, Sénat coutumier, haut-commissariat…) et économiques (l’usine de Koniambo à Vavouto) de la Calédonie, suivie d’une rencontre avec leurs principaux représentants. Une manière privilégiée d’appréhender les rouages des institutions politiques et économiques du pays pour ceux qui sont amenés à devenir les dirigeants de demain. « Diplômée de Sciences Po, je suis sûre au moins de trouver un très bon emploi », se réjouit Anne-Lyse.
Myriam Grandcler
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Education. Des lycéens visitent la rédaction
Les Nouvelles avant Sciences Po
Publié le jeudi 13 septembre 2012 à 03H00
Photo Jacquotte Samperez
Lucy Rebel, Lucile Courtot, Ashley Gorodey, Aurore Poawi, Anne-Lyse Thyna, Musu Musu Tafili Harlan et Ismaël Cedare-Wimian, les sept lycéens qui ont réussi l’épreuve d’admissibilité du concours de Sciences Po Paris, étaient hier soir en visite à la rédaction des Nouvelles calédoniennes pour découvrir le fonctionnement d’un quotidien. Ils ont ensuite visité la rotative de Ducos où le journal est imprimé. De quoi leur changer les idées avant l’épreuve du baccalauréat qui conditionnera leur participation au grand oral d’admission dans la prestigieuse école parisienne.
Du travail en perspective mais de nouveaux horizons également.
Bon courage, bonne chance et bonne continuation à tous ces jeunes étudiants.