Approcher différemment la culture et la littérature, jouer sur les sens du  mot culture en partant du premier  , celui de la terre , c’est le choix que nous avons fait pour notre enseignement d’exploration 2013 en retenant pour ce regard sur l’autre et sur l’ailleurs , le thème du jardin. Lieu banal mais pourtant   imprégné  par les « habitus »   de chacun, lieu où se marient étroitement  la nature et   la culture,   le jardin est aussi   un thème littéraire et artistique riche et porteur. Enfin certains jardins  sont si célèbres et si emblématiques de leur pays qu’ils  sont  devenus  des « monuments »  que l’on visite …..

18 élèves de seconde ont participé à cet enseignement répartis sur une quarantaine d’heures  environ.

Groupe d'enseignement d'exploration

Groupe d’enseignement d’exploration

 

 

La première partie de ce parcours a été consacré au jardin kanak. Dans la culture kanak , les plantes accompagnent l’homme à chaque moment de sa vie ; elles le nourrissent bien sûr mais aussi, elles le soignent  ; elles marquent l’espace et le temps ; elles sont le lien avec l’Esprit et avec l’Autre à travers  les nombreux échanges dont elles font l’objet. Toutes ont leur fonction précise et leur place attribuée. Les plantes dans la culture kanak forment,  un langage riche qui donne à lire l’identité d’un peuple, son origine et son histoire. D’ André – Georges Haudricourt , le fondateur de l’ethnobotanique , en passant par Maurice Leenhard jusqu’aux jeunes chercheurs kanak d’aujourd’hui, dont Davel Cawa , tous les ethnologues  se sont intéressés  à l’importance du végétal dans la culture kanak .

Dans la représentation kanak, la terre est pensée comme source de vie, elle est la « terre-mère », la « mère-nature ». C’est pourquoi les kanak se considèrent comme appartenant à la terre et lui vouent un très grand respect. Pour Jean-Marie Tjibaou, l’homme traditionnel est celui qui sort de la terre, il en est le produit: « Nous ne sommes pas des hommes d’ailleurs. Nous sommes des hommes sortis de cette terre ». La terre est appréhendée comme une « mater » et comme le soulig­ne Eliane Métais dans l’esprit des kanak « elle a enfanté le premier couple, le premier homme et la première nourriture ». Dans le monde mélanésien, l’homme n’est donc pas le maître, il est uniquement un élément du monde et cela au même titre que les végétaux ou les animaux. La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. L’homme fait partie de la nature, il s’intègre en elle. Maurice Leenhardt  souligne cela de manière très claire dans son ouvrage Gens de la Grande-Terre. Il décrit notamment la façon dont les kanak assimilent la vie du bois (des arbres) et celle de l’homme. Les kanak y voient une même identité et selon l’apparence aqueuse ou sèche de l’arbre, l’arbre participera à l’homme ou à la femme et par exemple, le gros bois rappellera le corps de l’homme. Les kanak considèrent aussi que l’écorce constitue la peau du bois et que le cœur du bois constitue l’os de ce bois. Cette véritable identification de l’homme au bois explique que celui-ci soit manipulé avec grand soin.  

De même, l’igname n’est pas seulement le plat préféré des kanak, elle a aussi une véritable valeur affective à leurs yeux. En effet, la puissance de germination de l’igname lui confère le privilège de symboliser l’homme en la continuité de l’espèce. Pour les kanak, l’igname correspond à l’homme, alors que le taro considérée comme une culture humide correspond à la femme. « L’igname est le phallus qui plonge au sein de la terre, le sol ances­tral; elle est la chair des ascendants, elle est vivante de leur vie, elle vivifie l’hom­me, elle s’intègre à lui, lui communique la virilité et c’est sa propre substance qui réap­paraît dans la liqueur séminale ». Ainsi l’igname, tout comme le bois, est identifiée à l’homme et elle joue un véritable rôle social puisque  les ignames sont échangées entre les familles à l’occa­sion des mariages mais aussi des deuils puisqu’à la mort d’un individu, une igname est offerte aux endeuillés à qui il est précisé que l’igname a une tête et une extrémité c’est-à-dire que l’igname meurt en son extrémité, mais que la tête donne des germes et que la vie ainsi continue.

Axelle Vignolles, Terres coutumières et régime foncier en NC

Nous vous invitons donc à partager avec nous la première partie de ce périple au cœur du jardin kanak que nous avons consacré au magnifique et désormais très célèbre sentier du centre Culturel Jean Marie Tjibaou .

Catherine P.

Compte rendu de visite :  Ornella , Mégane, Christopher,Berenice , Suzanne, coralie

 

En ce début d’année, notre groupe d’enseignement d’exploration est  parti au centre culturel JM Tjibaou pour visiter le « Jardin Kanak » qui est le plus grand jardin public de la Nouvelle-Calédonie. Nous avons eu pour guide monsieur Georges. Il nous a expliqué que le sentier Kanak avait été construit pour illustrer le mythe de Téâ Kanaké qui est un mythe fondateur du Nord de la Grande Terre( Aire Paicî Cemuhi). Voici ce mythe tel que le présente la revue : Le monde des religions .

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Téa Kanaké, le « porteur de la continuité de la Parole ».
La légende raconte qu’à l’aube du monde, la lune a déposé sa dent sur un rocher émergeant de l’océan des origines. En se décomposant, la dent a engendré les premiers êtres vivants : lézards, anguilles et serpents. De ces êtres primordiaux est né le premier homme, Téa Kanaké. Ignorant tout, il demande aux esprits de lui transmettre les secrets de la vie terrestre : la magie des pierres et des herbes, le travail des champs, la connaissance des plantes. Il commence à cultiver ignames et taros. Les esprits lui apprennent la vie en société : Téa Kanaké échange les premières ignames et construit la grande case ronde des origines. Il plante le pin colonnaire, qui délimite les lieux sacrés et les lieux tabous. Enfin, il proclame la première Parole. Téa Kanaké décide de connaître la mort. Il entre dans le tronc du banian, suit ses racines et visite le pays sous-marin des morts. Puis il traverse la roche percée, symbole de la renaissance. Il souffle la Parole dans une feuille de bois de fer, où elle chantera toujours. Téa Kanaké revient à la vie et commence ainsi, grâce à cette Parole, l’épopée des vivants liée à la terre nourricière, terre des ancêtres et pays des esprits.

Le Monde des Religions n°29- Mai 2008

Le sentier qui traverse le jardin kanak est donc jalonné d’étapes ,représentant par des plantes,  chacun des moments de  l’aventure  humaine de Téâ Kanaké. Voici ces étapes telles que notre guide nous les a expliquées…

 

Etape 1 : L’origine des êtres (naissance de Téâ Kanaké)

D’après le mythe, la lune aurait fait tomber une de ses dents sur un grand rocher dans un bassin d’eau. Sous les rayons de la Lune, la dent se serait décomposée en deux parties. L’une est tombée dans  l’eau, et elle aurait donnée naissances aux poissons, aux tortues, c’est-à-dire aux animaux marins. Et l’autre partie est tombée sur la terre donnant naissance aux animaux terrestres et à Téâ Kanaké, au départ mi- homme, mi- lézard.

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A cette étape, on trouve un très beau bassin avec au milieu le gros rocher, la dent tombée de la bouche de la lune ; il est planté de nénuphars ; Les femmes en effet, enveloppaient  autrefois  leur nouveau né  avec les feuilles en forme de cœur du nénuphar. La plante symbolise donc la naissance .

A côté du bassin, on trouve aussi le Tarot géant, symbole de fécondité, plante féminine par excellence, à manipuler avec précaution sous peine de provoquer la foudre. Et puis le papyrus, la plante qui servait  d’ « échographie » naturelle : pour connaitre le sexe de l’enfant, l’homme et la femme tiraient chacun d’un côté ; le gagnant donnait alors  son sexe à l’enfant.

A la naissance de l’enfant, le couple se servait d’une tige de Méa moru dont les feuilles enveloppées d’écorces de niaouli servaient à annoncer la naissance d’une fille et dont la tige attachée à une sagaie par les oncles utérins, annonce la naissance d’un garçon.

Cette plante a aujourd’hui plusieurs usages médicinaux comme toutes les plantes dans la  culture kanak.

 

Etape 2 : La terre nourricière

Téâ kanaké a grandi ; il doit se nourrir.  A  cette étape, il  va demander  aux esprits de lui apprendre à cultiver la terre. Les esprits lui diront que l’igname représente l’homme et le tarot la femme. Il plantera également la canne à sucre et le succulent chou kanak. Autour de son champ, le coleus servira de plante de protection.

En Nouvelle-Calédonie, il existe 75 variétés d’ignames. Toute la vie du clan est réglée par leur culture. Le cycle du tubercule détermine  la date des grands événements , comme les mariages. Voici comment se déroule le calendrier de l’igname : en juin/juillet, les  niaoulis sont en fleurs, les hommes défrichent, désherbent, brûlent et préparent le billon qui recevra la semence.

En août, le tubercule est planté. C’est aussi le moment où les baleines sont de retour dans nos eaux. Septembre voit sortir de terre la fleur d’igname. En octobre, les roussettes ont leurs petits sous leurs ailes, l’érythrine est en fleurs, c’ est le moment de planter les tuteurs qui guideront la plante pendant plusieurs mois  et l’aideront à grandir sous la surveillance constance de l’homme.

Mars voit la récolte des ignames de prémices. En avril, mai et juin, c’est la récolte de l’igname, si la liane sèche avant la feuille, la récolte sera bonne. Avec l’igname nouvelle, les clans de la tribu communient en se partageant le premier tubercule cuit pour tous et distribué à tous. C’est également l’occasion d’une fête où l’on mange les mets traditionnels : roussette, notou, taro

 

Etape 3 : La terre des ancêtres

Les esprits apprennent à Téâ Kanaké la vie en société. Celui-ci va échanger ses premières ignames et construire sa case ronde avant de prendre femme . Il y plantera un pin colonnaire qui symbolise l’homme et la puissance.

Le cocotier symbolise la femme, les deux chambranles (gardiens) représentent l’ancêtre.

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Etape 4 : Le pays des esprits                       

Afin de tout savoir de la vie des hommes, Téâ Kanaké décide de connaître la mort. Il visitera les endroits secrets et tabous. Comme le banian, qui était à l’époque un endroit de sépulture. Car on y mettait les crânes des morts, enveloppés de feuilles de cordylines.

A cette étape , on trouve aussi le faux manguier  qui est un poison et un contre poison. Si un enfant se promène dans les arbres fruitiers tabous et s’il en mange un fruit, il  tombera malade, et pour le sauver, il faut faire bouillir les feuilles du faux manguier. Quant aux  Aloes, ils étaient utilisés autrefois  par les grands-pères pour en faire des  lignes de pêche.

 

Toutes les plantes portent la vie et la mort comme Téâ Kanaké qui en mourant est devenu esprit ; il lui reste à franchir l’étape ultime…

 

Etape 5 : La renaissance

Enfin Téâ Kanaké renaît en un homme nouveau. C’est dans la mer que s’accomplit le passage au travers du rocher percé. Tout autour se trouvent les plantes associées à  la mort et à l’esprit : le bois de fer dont le doux murmure apporte la parole des Ancêtres, le cycas qui recueille les médicaments, le pandanus, l’oranger sauvage…

Ainsi, dans la mangrove, là où il y a le  rocher dent de lune et où fleurissent des nénuphars, la Lune a donné vie  à Téâ Kanaké, le premier des hommes.

Les vieux disent «  Feu brûlant a toucher feu froid ».

 

Mais , au terme de cette visite qui nous a passionnés , nous nous sommes  quand même demandé si la science  occidentale n’avait pas en réalité fini par rejoindre le vieux mythe kanak .

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La deuxième partie de notre  parcours que nous avons intitulée : BIENVENUE DANS MON JARDIN , a été plus intime :

Chacun a été invité à décrire  son jardin très librement. Voici une sélection de quelques textes accompagnés de photos

Le jardin de Mégane

Mon jardin se situe dans la tribu de Hnassé à Lifou/Drehu d’où je suis originaire. A l’entrée de la  maison poussent  toutes sortes de plantes qui forment une bordure et qui sont  souvent  aussi décoratives que nécessaires, car nous les utilisons comme médicaments ou comme protections : Un pied de cordyline, des fleurs d’hibiscus, un Tiaré qui embaume le matin, et le soir surtout, et qui invite à la fête , des pieds d’épines du Christ de différentes couleurs , une grosse touffe de citronnelle pour les tisanes, quelques orchidées au milieu des fougères. Un peu plus loin, il ya les bananiers ; par leur humidité ils gardent au frais notre maison ; et plus loin encore toutes sortes d’arbres fruitiers : Cocotier,  manguier, avocatier, pêcher, citronnier, goyavier, mandarinier, pied de corossol, papayer…, mais aussi un  gaïac et un gros pied de pandanus.

Toutes ces plantes  ont leur fonction : la cordyline qui se dit Zi en drehu sert de décoration pour les mariages, mais aussi elle fait revenir l’esprit d’une personne qui ne reconnait plus l’autre, ou qui pleure sans cesse ; elle protège du malheur. C’est pourquoi tous les jardins Kanak ont des cordylines. Le bananier ou Hmetreun dans la langue, est indispensable pour ses fruits délicieux et pleins de vitamines que l’on mange bien mûrs, mais aussi verts et cuits de différentes façons et pour ses feuilles qui servent à envelopper le bougna ; avec la pointe rouge du régime on fait de la salade.

Le pandanus appelé Wedr dans la langue, nous fournit ses feuilles pour le tressage des nattes  qui tapissent la case. Il faut d’abord les nettoyer et les faire bouillir, et bien les sécher au soleil jusqu’à ce qu’elles blanchissent. Après le délicat travail de tressage peut commencer.

Le Gaïac qui se dit Hmu en drehu, a pour fonction de protéger des boucans, mais il sert aussi à nettoyer le ventre des personnes qui ont mangé de mauvaises choses

Le cocotier qui se nomme Inu chez nous, donne ses fruits que nous buvons et que nous utilisons sans cesse dans la cuisine, mais nous donnent aussi ses feuilles que nous tressons pour faire les benos qui nous servent à couvrir les maisons, à présenter les plats lors des cérémonies. Ses feuilles tressées nous protègent des orages. Quand le tonnerre gronde et qu’il ya des éclairs partout mon père attache des feuilles de cocotier aux fenêtres pour que nous ne soyons pas en danger.

Le corossol qu’on appelle Korosone, est généreux avec ses gros fruits, et surtout indispensable pour ses feuilles que l’on fait bouillir et qui guérissent de la varicelle ou de la bourbouille. Je me souviens que  ma grand mère me baignait dans une grande bassine pleine de feuilles de corossol bouillies lorsque j’ai eu la varicelle. Les  familles Kanak en plantent en vue de bien soigner les bébés et les petits enfants.

Toutes nos  plantes sont belles et en bonne santé. C’est ma mère surtout qui s’en occupe avec beaucoup de soin et d’amour. Pendant les vacances, lorsque je rentre à la tribu, je l’aide : j’arrose ce qui  me permet de jouer avec l’eau l’été, je replante. J’apprends avec elle.

Les plantes, c’est aussi un objet d’échange. Les mamans discutent beaucoup des plantes, s’échangent des boutures et des graines, dés qu’elles découvrent une jolie plante qu’elles n’ont pas ou qui leur parait utile, pour sans cesse enrichir et embellir le jardin, véritable lieu de vie et fierté de toute la maisonnée.

 

 

 

 

 

 

Le jardin de Ryan

 

Il existe beaucoup de jardins et chacun reflète quelque chose des gens qui  s’en occupent. Mon jardin, c’est d’abord un lieu calme où je peux être seul et où je me sens bien. Il se situe à la tribu de Neouyo, à Houailou ; il ya surtout des arbres fruitiers : dix pieds de letchies, de nombreux manguiers, des citronniers, des pêchers ; c’est mon grand père qui a planté beaucoup de ces arbres ;  mon père a continué  et moi aussi, je plante. Les arbres fruitiers,  c’est un travail d’homme. Petit, je restais toute la journée avec grand père ;  c’est avec lui et dans ce jardin que j’ai appris à marcher, puis à faire du vélo. Il m’a élevé dans le respect absolu des plantes et dans l’amour du travail bien fait ; la récompense de tout ce travail,  c’est  les fruits que nous donnent les arbres et dont on se régale mais aussi qu’on partage avec les autres et qu’on  va vendre au marché ;  au pied de deux de ces arbres sont enterrés les cordons ombilicaux de mes sœurs ;  ces arbres sont à elles.

Chaque génération plante et reste liée aux arbres qui gardent quelque chose de la mémoire de ceux qui nous quittent


 

 

 

 

 

Le jardin de Lindsey

 

            Je suis originaire d’Ouvéa mais j’habite toute l’année à Yahoue pour mes études ; nous y avons une maison ; c’est celle de mes grands parents  avec qui je vis. Autour de la maison, il y a un beau jardin ; il borde la véranda où nous mangeons et il est rempli de toutes sortes de plantes. C’est mon grand père qui est le maitre des plantations et comme il est handicapé suite à un accident, nous sommes ses exécutants ; nous plantons et entretenons les plantes selon ses décisions et le résultat est plutôt réussi. Il y a beaucoup de rosiers qui grimpent le long de la véranda : Roses rouges, blanches et oranges, mais il y a aussi des géraniums, des épines du Christ, des hibiscus et d’autres plantes dont je ne connais pas le nom. Des arbustes sont plantés aux deux extrémités du jardin qui servent de parasols aux fleurs qui poussent au pied. Et puis il ya les bananiers ( nowii dans ma langue) que mon père a ramenés d’Ouvéa ; ce sont des bananiers nains aux fruits excellents . Un jeune  palmier remplace l’ancien palmier arraché par le cyclone Vania.

En bordure des barrières en bois mises par mon grand père, se trouvent des taros aux feuilles majestueuses. Et puis dans ce jardin, il y a toutes sortes d’insectes : escargots, papillons, vers de terre …

Il ya des week ends où mon grand père nous demande à ma sœur et à moi de tailler hibiscus et rosiers. Quand nous étions enfants, grand père nous faisait du chantage : si on voulait aller au ciné ou manger au Mac DO , il fallait que l’on désherbe ou que l’on plante . Ainsi certaines des plantes de ce jardin ont été plantées par nous , ses petits enfants.

Mes grands parents passent tout leur temps dans ce jardin. Ils ont fait construire une allée qui permet d’en faire tout le tour et leur permet de voir l’ensemble ; ils s’occupent du jardin comme ils se sont occupés de nous, en donnant beaucoup d’affection et d’entretien. C’est pour cela que je peux dire que le jardin de mes grands parents vit et resplendit chaque jour davantage.

 

Le jardin d’Ornella

 

Mon jardin se situe à Hunöj (Lifou), petite tribu du district de Lössi située sur le plateau. Autour de la maison, il ya un jardin mais aussi un champs Les plantes qui poussent tout près de la maison, ce sont des cordylines ( Izi dans langue) , des lys , des hibiscus , de la canne à sucre délicieusement sucrée, des fleurs de Tiare …  Mais il y a aussi des légumes : patates douces , maniocs, « Capec » ( sortes de grosses feuilles qui ressemblent.  au chou kanak), des pieds de salades, des carottes, des tomates sauvages qui poussent partout. Mon père a planté beaucoup de bananiers sur les côtés des sillons et des papayers. Les arbres fruitiers : citronniers, orangers  sont encore petits car nous venons de les planter.

 

Mon petit frère et moi, nous avons chacun notre champ côte à côte. Dans le mien mon père et moi, avons planté des ignames de Lifou et de Maré. J’ai rajouté des pieds de maniocs et des papayers.

Tout le monde dans la famille plante.  Mais c’est surtout ma mère et mon père qui s’occupent des champs, car nous les enfants, sommes à l’école. ; le champ ( hélep en drehu) , le débroussage ( wakeca), c’est seulement pendant les vacances.

Ma mère plante beaucoup de choses ; lorsqu’une plante lui plait : fleur, feuille ou « consommable », elle demande si elle peut prendre une bouture, et tout de suite, la met dans le jardin.

Notre terre est d’un beau brun tirant sur le rouge ; c’est de la bonne terre qui est généreuse. Nous n’achetons que rarement des légumes et mangeons ce que nous cultivons tout au long de l’année. Ce que j’attends toujours avec impatience, c’est la première igname. J’aime l’igname juste bouillie, puis frite et légèrement salée. C’est un régal.

Pour finir cette présentation de mon jardin, voici ce que m’a raconté mon père :

Avant la terre appartenait à un esprit. Et cet esprit a partagé la terre en deux parties, qu’il a données  à deux hommes : Cai et Co (en Lifou ces prénoms se prononcent « CAI » et « Cho »). Cai a reçu les hommes et Co la nature.

Aujourd’hui à Lifou ,il y a des clans qui sont des descendants de Cai et de Co. Les descendants en Lifou sont appelés Api cai ou Api co.

Mon père m’a dit aussi que dans notre culture,  les hommes sont des descendants des Banian.

 

 

 

 

 

 

Le jardin D’Yvola

 

            Mon jardin se trouve à Tawainedre (Maré) près de ma maison natale ; devant la maison il y a beaucoup de plantes et de fleurs (la fleur se dit Corilen en nengone, ma langue maternelle, mais ce que je préfère c’est le verger qui se trouve sur le côté de la maison ; ce que j’aime surtout c’est les bananiers. Le bananier est un arbre que toutes les mamans kanak aiment car il nourrit toute la famille et ses feuilles nous protègent de la pluie. Le bananier chez nous, se dit « ye angaeth ». Toute mon enfance j’ai joué avec lui.

 

Notre verger est très grand et plein de fruits ; or, les fruits, c’est mon aliment préféré : Bananes, cocos, avocats, papayes, ananas, mandarines …..Les fruits rythment l’année et j’attends toujours avec impatience le temps de la récolte.

 

Enfant, je jouais toujours dans ce verger : Que de cabanes dans les arbres nous avons faites mes cousines et moi ! On jouait au restaurant ; on se gavait de fruits comme des roussettes, parfois à en être malade …

 

Il faut que je vous parle aussi du cocotier (yenu dans notre langue) : son lait succulent, sa chair que l’on râpe pour la cuisine : plat de résistance, desserts et puis ses feuilles, qui servent aussi à faire la case traditionnelle. Et le papayer, mon arme fatale : je me sers de ses feuilles pour jouer à la sarbacane et bien sûr ses fruits pour les desserts et les jus.

Planté par mes grands parents, ce verger est l’héritage précieux qu’ils nous ont laissé. Aujourd’hui, ce sont mes parents et mes grandes sœurs qui s’en occupent. Moi, j’y travaille un peu pendant les vacances. Mais je suis surtout une grande consommatrice ; j’aime inventer des desserts avec les fruits. Mon régal les jours d’été où il fait très chaud : la salade de pastèque et d’ananas ; je mets dans un grand saladier, de petites boules de pastèque et de petits morceaux d’ananas bien mûrs, je saupoudre très légèrement de sucre et je laisse au frigidaire. C’est beau, c’est délicieux, tout le bonheur de l’été dans la bouche…

 

La troisième partie de notre année

a permis un recentrage sur la littérature.  Le groupe a  d’abord travaillé à découvrir les beaux textes de la littérature française sur le thème du jardin, un travail de recherche  simple, car ces textes ont depuis longtemps été identifiés ; quelques clics  sur internet  ont donc suffi à offrir un florilège où pourtant il a fallu faire quelques choix, tant ces textes sont nombreux . Voici la sélection proposée par la classe.

LA GENESE : Il s’agit d’un texte fondateur qui nous montre que notre environnement premier est celui d’un merveilleux jardin dont, hélas, nous avons réussi à nous faire chasser. De cette symbiose originelle, nous avons gardé une éternelle nostalgie qui fait de nous des jardiniers ou amateurs de jardins toujours en quête de ce lieu premier magique.

 

3.1 Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? 3.2 La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. 3.3 Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.3.4 Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ;3.5 Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.3.6 La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea.3.7 Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures.3.8 Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin.3.9 Mais l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ?3.10 Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.3.11 Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ?3.12 L’homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé.3.13 Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m’a séduite, j’en ai mangé.

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Jan Brueghel le Jeune

 

 

Zola, La Faute de l’abbé Mouret, 1875

Albine et Serge, un jeune prêtre, se promènent dans le parc du Paradou…

C’était le jardin qui avait voulu la faute. Pendant des semaines, il s’était prêté au lent apprentissage de leur tendresse. Puis, au dernier jour, il venait de les conduire dans l’alcôve verte. Maintenant, il était le tentateur, dont toutes les voix enseignaient l’amour. Du parterre, arrivaient des odeurs de fleurs pâmées, un long chuchotement, qui contait les noces des roses, les voluptés des violettes ; et jamais les sollicitations des héliotropes n’avaient eu une ardeur plus sensuelle. Du verger, c’étaient des bouffées de fruits mûrs que le vent apportait, une senteur grasse de fécondité, la vanille des abricots, le musc des oranges. Les prairies élevaient une voix plus profonde, faite des soupirs des millions d’herbes que le soleil baisait, large plainte d’une foule innombrable en rut, qu’attendrissaient les caresses fraîches des rivières, les nudités des eaux courantes, au bord desquelles les saules rêvaient tout haut de désir. La forêt soufflait la passion géante des chênes, les chants d’orgue des hautes futaies, une musique solennelle, menant le mariage des frênes, des bouleaux, des charmes, des platanes, au fond des sanctuaires de feuillage ; tandis que les buissons, les jeunes taillis étaient pleins d’une polissonnerie adorable, d’un vacarme d’amants se poursuivant, se jetant au bord des fossés, se volant le plaisir, au milieu d’un grand froissement de branches. Et, dans cet accouplement du parc entier, les étreintes les plus rudes s’entendaient au loin, sur les roches, là où la chaleur faisait éclater les pierres gonflées de passion, où les plantes épineuses aimaient d’une façon tragique, sans que les sources voisines pussent les soulager, tout allumées elles-mêmes par l’astre qui descendait dans leur lit. – Que disent-ils ? murmura Serge, éperdu. Que veulent-ils de nous, à nous supplier ainsi ? Albine, sans parler, le serra contre elle.[…]
Alors, Albine et Serge entendirent. Il ne dit rien, il la lia de ses bras, toujours plus étroitement. La fatalité de la génération les entourait. Ils cédèrent aux exigences du jardin. Ce fut l’arbre qui confia à l’oreille d’Albine ce que les mères murmurent aux épousées, le soir des noces. Albine se livra. Serge la posséda.

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Gustav Klimt 

Et le jardin entier s’abîma avec le couple, dans un dernier cri de passion. Les troncs se ployèrent comme sous un grand vent ; les herbes laissèrent échapper un sanglot d’ivresse ; les fleurs, évanouies, les lèvres ouvertes, exhalèrent leur âme ; le ciel lui-même, tout embrasé d’un coucher d’astre, eut des nuages immobiles, des nuages pâmés, d’où tombait un ravissement surhumain. Et c’était une victoire pour les bêtes, les plantes, les choses, qui avaient voulu l’entrée de ces deux enfants dans l’éternité de la vie. Le parc applaudissait formidablement.

 

Victor Hugo, Les Misérables, 1862

Le jardin de la rue Plumet : un jardin abandonné, refuge idéal pour Jean Valjean et Cosette.

Ce jardin ainsi livré à lui-même depuis plus d’un demi-siècle était devenu extraordinaire et charmant. Les passants d’il y a quarante ans s’arrêtaient dans cette rue pour le contempler, sans se douter des secrets qu’il dérobait derrière ses épaisseurs fraîches et vertes. Plus d’un songeur à cette époque a laissé bien des fois ses yeux et sa pensée pénétrer indiscrètement à travers les barreaux de l’antique grille cadenassée, tordue, branlante, scellée à deux piliers verdis et moussus, bizarrement couronnée d’un fronton d’arabesques indéchiffrables.

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Vincent Van Gogh

Il y avait un banc de pierre dans un coin, une ou deux statues moisies, quelques treillages décloués par le temps pourrissant sur le mur; du reste plus d’allées ni de gazon ; du chiendent partout. Le jardinage était parti, et la nature était revenue. Les mauvaises herbes abondaient, aventure admirable pour un pauvre coin de terre. La fête des giroflées y était splendide. Rien dans ce jardin ne contrariait l’effort sacré des choses vers la vie ; la croissance vénérable était là chez elle. Les arbres s’étaient baissés vers les ronces, les ronces étaient montées vers les arbres, la plante avait grimpé, la branche avait fléchi, ce qui rampe sur la terre avait été trouver ce qui s’épanouit dans l’air, ce qui flotte au vent s’était penché vers ce qui se traîne dans la mousse ; troncs, rameaux, feuilles, fibres, touffes, vrilles, sarments, épines, s’étaient mêlés, traversés, mariés, confondus ; la végétation, dans un embrassement étroit et profond, avait célébré et accompli là, sous l’oeil satisfait du créateur, en cet enclos de trois cents pieds carrés, le saint mystère de sa fraternité, symbole de la fraternité humaine. Ce jardin n’était plus un jardin, c’était une broussaille colossale, c’est-à-dire quelque chose qui est impénétrable comme une forêt, peuplé comme une ville, frissonnant comme un nid, sombre comme une cathédrale, odorant comme un bouquet, solitaire comme une tombe, vivant comme une foule.

 

 

 

 

Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866

Après trois ans

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.

Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.

Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.

 

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Claude Monet

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913

Les nymphéas sur la Vivonne, où comment un jardin devenu parterre d’eau réfléchissant le ciel et ses variations, éveille l’imaginaire par le biais des sensations.

Cà et là, à la surface, rougissait comme une fraise une fleur de nymphéa au coeur écarlate, blanc sur les bords. Plus loin, les fleurs plus nombreuses étaient plus pâles, moins lisses, plus grenues, plus plissées, et disposées par le hasard en enroulements si gracieux qu’on croyait voir flotter à la dérive, comme après l’effeuillement mélancolique d’une fête galante, des roses mousseuses en guirlandes dénouées. Ailleurs, un coin semblait réservé aux espèces communes qui montraient le blanc et le rose proprets de la julienne, tandis qu’un peu plus loin, pressées les unes contre les autres en une véritable plate-bande flottante, on eût dit des pensées des jardins qui étaient venues poser comme des papillons leurs ailes bleuâtres et glacées sur l’obliquité transparente de ce parterre d’eau; de ce parterre céleste aussi: car il donnait aux fleurs un sol d’une couleur plus précieuse, plus émouvante que la couleur des fleurs elles-mêmes ; et, soit que pendant l’après-midi il fît étinceler sous les nymphéas le kaléidoscope d’un bonheur attentif, silencieux et mobile, ou qu’il s’emplît vers le soir, comme quelque port lointain, du rose et de la rêverie du couchant, changeant sans cesse pour rester toujours en accord, autour des corolles de teintes plus fixes, avec ce qu’il y a de plus profond, de plus fugitif, de plus mystérieux – avec ce qu’il y a d’infini – dans l’heure, il semblait les avoir fait fleurir en plein ciel.

 

 

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Claude Monet

 

LA CHANSON CONTEMPORAINE A ELLE AUSSI SOUVENT CELEBRE LE JARDIN

LE JARDIN EXTRAORDINAIRE
Paroles et Musique: Charles Trenet -1957

C’est un jardin extraordinaire
Il y a des canards qui parlent anglais
Je leur donne du pain ils remuent leur derrière
En m’disant  » Thank you very much Monsieur Trenet  »
On y voit aussi des statues
Qui se tiennent tranquilles tout le jour dit-on
Mais moi je sais que dès la nuit venue
Elles s’en vont danser sur le gazon
Papa, c’est un jardin extraordinaire
Il y a des oiseaux qui tiennent un buffet
Ils vendent du grain des petits morceaux de gruyère
Comme clients ils ont Monsieur le maire et le Sous-Préfet

Il fallait bien trouver, dans cette grande ville maussade
Où les touristes s’ennuient au fond de leurs autocars
Il fallait bien trouver un lieu pour la promenade
J’avoue que ce samedi-là je suis entré par hasard
Dans dans dans

Un jardin extraordinaire
Loin des noirs buildings et des passages cloutés
Y avait un bal qu’donnaient des primevères
Dans un coin d’verdure deux petites grenouilles chantaient

Une chanson pour saluer la lune
Dès que celle-ci parut toute rose d’émotion
Elles entonnèrent je crois la valse brune
Une vieille chouette me dit:  » Quelle distinction!  »
Maman dans ce jardin extraordinaire
Je vis soudain passer la plus belle des filles
Elle vint près de moi et là me dit sans manières
Vous me plaisez beaucoup j’aime les hommes dont les yeux brillent !

Il fallait bien trouver dans cette grande ville perverse
Une gentille amourette un petit flirt de vingt ans
Qui me fasse oublier que l’amour est un commerce
Dans les bars de la cité :
Oui mais oui mais pas dans…
Dans dans dans

Mon jardin extraordinaire
Un ange du Bizarre un agent nous dit
Etendez-vous sur la verte bruyère
Je vous jouerai du luth pendant que vous serez réunis
Cet agent était un grand poète
Mais nous préférions Artémise et moi
La douceur d’une couchette secrète
Qu’elle me fit découvrir au fond du bois
Pour ceux qui veulent savoir où ce jardin se trouve
Il est vous le voyez au cœur de ma chanson
J’y vol’ parfois quand un chagrin m’éprouve
Il suffit pour ça d’un peu d’imagination
Il suffit pour ça d’un peu d’imagination
Il suffit pour ça d’un peu d’imagination !

rousseau

Henri Rousseau

Henri Salvador– Jardin d’hiver – 2000

Je voudrais du soleil vert
Des dentelles et des théières
Des photos de bord de mer
Dans mon jardin d’hiver
Je voudrais de la lumière
Comme en Nouvelle Angleterre
Je veux changer d’atmosphère
Dans mon jardin d’hiver
Ta robe à fleur
Sous la pluie de novembre
Mes mains qui courent
Je n’en peux plus de l’attendre
Les années passent
Qu’il est loin l’âge tendre
Nul ne peut nous entendre
Je voudrais du Fred Astaire
Revoir un Latécoère
Je voudrais toujours te plaire
Dans mon jardin d’hiver
Je veux déjeuner par terre
Comme au long des golfes clairs
T’embrasser les yeux ouverts
Dans mon jardin d’hiver
Ta robe à fleur
Sous la pluie de novembre
Mes mains qui courent
Je n’en peux plus de t’attendre
Les années passent
Qu’il est loin l’âge tendre
Nul ne peut nous entendre

 

Jardins complices ou jardins solitaires et abandonnés,  jardins des secrets, des tentations ou des regrets, telles semblent être ici les principales représentations du jardin dans ces différents textes.

Dans la littérature de notre pays, d’autres images apparaissent marquant un autre rapport à l’environnement : le jardin dans la culture Kanak, très souvent appelé le champ,  est d’abord nourricier mais il est aussi l’endroit où souffle l’esprit des ancêtres , le lieu où se marque  l’appartenance de l’homme à la terre à qui il doit tout mais d’où il puise aussi sa dignité, son identité, sa liberté  ; dans la culture calédonienne de   l’époque coloniale, le jardin peut être tour à tour décor exotique ou lieu de labeur acharné où s’exprime la difficulté de s’adapter à cette terre lointaine  …..

Cette recherche dans les textes de notre littérature a  été  plus compliquée ; elle n’est pas recensée sur internet ; la classe a dû « réapprendre »  à  chercher dans les livres,  à sélectionner, puis à saisir  les extraits retenus. Merci en particulier  à Ornella, Sonia et Ryan qui ont saisi  la plupart des textes.

L’Indépendance c’est …

Un coin de jardin

Un bout de champ

Une part de terrain

Un lopin de terre

La terre à travailler

 

Comme la femme

Qui élève

Au quotidien

Ses enfants

Ses taros

Ses ignames.

Déwé Gorodey . 1997

 

 

gorode

Yvette Bouquet

Sillons

Les mottes de terre humides me collent au talon

Et le suc sucré des racines nomades

De la paille errante qui adoucit

La faim du terroir

Et le lait de cigale sous chrysalide

Qui apaise le désir de vivre

La soif d’être

Le mal d’exister

Toute leur vie

Mes vieux ont labouré cette terre

La misère pour l’univers.

Déwé Gorodé

Sous les cendres des conques

1988

 

dorbritz

 

 Amélie Simon Dorbritz

 

 

L’épave ( Extrait) Dewe Gorodé  –  2005

Mais le lieu où l’on se rassemblait  par beau temps était à l’ombre des trois faux poivriers. Le dimanche, dès l’aube, à la lueur d’un fanal, on y plumait les poulets ou écaillait les poissons. On y pelait les ignames, les taros, les patates, les morceaux. On y effeuillait les tiges de salades, brèdes, gluants, citrouille, choux de Chine et chouchoutes. On jetait plus bas les pelures, les coquilles, les restes, les saletés et autres boites de conserve vides, dans un trou creusé par les garçons, à l’abri des regards.

valet

Eric Valet

Au lever du jour, d’aucuns rapportaient du champ les jeunes feuilles de bananier et les lianes pour préparer le bougna. Ils les passaient à la flamme pour les assouplir pendant que d’autres mettaient le feu au tas de  bois  disposé sur les pierres pour les chauffer. Les femmes choisissaient trois feuilles de bananier assouplies et les posaient sur les lianes avant de piquer et de séparer les morceaux d’ignames, de taros, de patates et de citrouille pour les disposer en rond sur la plus jeune feuille de bananier, avec le poulet, le poisson ou la roussette au milieu . Elles y ajoutaient les brins d’échalotes coupées et le sel, avant le passage des garçons avec le seau de lait de coco (…) Chacun vérifiait encore et encore si la jeune feuille de bananier, la plus souple et la plus malléable, n’avait vraiment pas la moindre fissure qui aurait pu laisser s’écouler le précieux lait de coco (…). Ce qui permettait parfois à Eva de suggérer en riant aux jeunes gens présents que la feuille était la vierge qui ne donnera le meilleur de son lait qu’après la nuit chaude du four. C’est pourquoi il leur revenait de bien préparer sa couche en répartissant et en écartant le bois incandescent qui risque de calciner entièrement les feuilles.

 

La Parenthèse – Pierre Gope – 2005 – (Extrait)

 Dans le jardin qui entoure la maison, un terrible bouleversement se prépare. Le Jardinier parviendra t’il à l’empêcher ? Les plantes parviendront elles à vivre ensemble dans la paix et l’harmonie, tout en construisant autour du vieil arbre son rôle de socle du monde nouveau ?   Tel est le défi de La Parenthèse, « pièce –parabole » qui illustre les  difficultés de notre pays à créer une situation de vivre ensemble entre les  différentes communautés culturelles, celle issue du peuple premier et les autres

 

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Tableau 3

Le jardinier prend soin de Gaïac, le plus vieil arbre, la plante pionnière. Avec respect,  il lave son tronc .Ses gestes sont doux et pleins d’attention.

LE JARDINIER :

Gaïac, plante pionnière, je n’entretiens pas seulement l’arbre que tu es, mais ce que tu représentes pour moi, pour nous, toi l’arbre-ancêtre, symbole d’une alliance forte qui unit le sang, la sève, le rouge et le blanc, dans un corps de chair noire, dans un corps de bois vert où l’Histoire s’est écrite.

Tu as été le poteau de nos cases et tes fleurs ont chassé les mouches qui venaient dévorer  notre peau ; ton écorce a tenu ensemble nos paniers, ensemble nos ignames et, sous ton ombrage, le soleil ne nous a pas brûlés.

Arbre à palabres, tu as traversé les âges, et l’esprit qui t’habite, unifié par le passé, tous lui doivent le respect. Sois pour toujours notre refuge, celui de l’âme errante des damnés qui ne trouvent pas le repos, celui de l’âme perdue des vivants, meurtrie ou piégée dans les barbelés de l’opulence.

 

Ne les laisse pas t’abattre !

GAÏAC :

N’emplis pas ton cœur d’amertume, Jardinier.(…..)

LE JARDINIER :

Je sortirai du silence, je braverai toutes les règles pour te garder dans ce jardin. Ils n’ont aucun droit de t’enlever de ta terre. Plus d’abstention, plus d’abstinence, je trouverai la force de les en empêcher.

GAÏAC :

J’admire ton courage, mais oublie l’arrogance du maitre qui t’humilie ; la vengeance ne t’appartient pas, fais seulement qu’il tombe sur la vérité.

Intervention intempestive d’Hortensia.

 

HORTENSIA :

Quelle vérité ? La tienne, Gaïac, toi qui vides la terre de l’eau dont nous avons besoin et pour qui on a toutes les attentions ?

LE JARDINIER :

Hortensia, je prends soin de toi comme de lui. Mais la terre est pleine de tes semblables, tandis que sa survie dépend de moi. Tu ne t’en sortiras pas en rejetant ce qui t’entoure. Cesse de te mêler du devenir de ce jardin.

 

 

Noella Poemate  –   Au pays de l’or vert ( extrait)  – 2012

Malgré son âge bien avancé, Mado avait tracté dans la brouette toute rouillée et toute trouée par les pluies hebdomadaires, trois beaux régimes de bananes. Elle était partie les chercher dans son champ, véritable labyrinthe de plantes en tous genres : papayers, manguiers, cristophines : élégantes guirlandes naturelles qui enlaçaient délicatement les pieds de sucamoros, bambouseraies qui faisaient craquaient leurs corps longilignes comme des vieillards que la vie avait trop usés se côtoyaient dans ce dédale de verdure… Et puis tout au tour, s’étendant à perte de vue, les bananiers majestueux qui balançaient dans le vent leurs feuilles fines et souples. Les jeunes plants s’élevaient avec grâce, tandis que ceux qui portaient péniblement un régime de fruits se courbaient comme pris de douleur et semblaient supplier qu’on vienne les décharger de se lourd fardeau. Et Mado était là pour cela. Ce champ, son beau père le lui avait confié en lui faisant promettre de s’en occuper jusqu’à son dernier souffle… Il lui répétait souvent que la véritable richesse se trouvait là, que la terre rendait aux hommes le bien qu’ils lui faisaient… Mado avait ainsi consacré tout son temps  à ce champ en le débroussant, en élaguant les feuilles mortes des bananiers, en y mettant une barrière pour que le bétail ne vienne pas tout ravager. Le travail était considérable, mais Mado était courageuse et ce champ était sa seule véritable source de revenus.

 

 

A bord de l’incertaine (extrait) Jean Mariotti 1942

Camille vit Jean-Claude disparaître au bout de l’allée d’orangers et de manguiers. Pavadé et Jambon disparurent dans la cuisine. Tam s’accroupît. L’aigle s’était enfuit au loin dans le ciel.

L’amandier fou préparait un autre printemps. De nouveaux boutons se gonflaient de sève et des corolles s’ouvraient.

Depuis trois ans qu’il était planté dans cette terre étrange, le jeune amandier n’avait pu s’acclimater. Il gardait souvenance des appels de la terre boréale, croyait toujours sentir la venue de la saison douce et  se couvrait de fleurs. Les fleurs à peine tombées, trompées par la douceur persistante de la température, il ne leur laissait pas le temps de se transformer en fruit et hâtait vers l’éclosion la floraison nouvelle. A peine portait-il quelques jours de petits boutons d’un vers pelucheux, promesse jamais réalisée d’un fruit à cueillir.

Et sans cesse, il reprenait sa floraison hagarde, égaré et perdu sous un ciel dont il ne comprenait pas les signes et baigné d’un climat inintelligible.

Camille alla vers le jardin de fleurs entouré de rosiers grimpants et de longs cosmos dont les fleurs multicolores se balançaient à hauteur d’homme.

Dans les plates-bandes s’épanouissaient les balsamines simples et doubles, les amarantes aux riches teintes sombres, la splendeur massive des dahlias, les héliotropes au parfum sucré et, en bordure, des touffes d’œillets de Chine aux corolles multiples et légères.

Les fleurs au matin, encore lourdes de rosée avaient une fraîcheur délicate, un scintillement soyeux et doux que le grand soleil de midi friperait ternirait.

Plus loin, derrière un rideau de cannas vigoureux masquant cette honte aux yeux des grandes personnes, Camille se dirigea vers ce qui était plus complètement son jardin et celui de Jean-Claude. En dépit des moqueries, ils cultivaient et aimaient cet « herbier ».

 

Un Paradis

Il est une région fertile et reposante

Non loin de Nouméa et tout prés de Saint-Louis.

La beauté de son site, la vallée de La Thy

Où l’on  apprécie sa forêt luxuriante

Et ses belles cascades, où l’eau est toujours claire,

En font un paradis ; elle peut en être fière.

 

Accrochée à ses flancs, bien belle et agréable,

Une petite maison entourée de sapins,

De fougères et de fleurs aux parfums redoutables

Se dresse majestueuse, à l’entrée du terrain,

Elle paraît bien heureuse de cette condition.

N’est-elle pas amoureuse de sa végétation?

 

 

Marc  Quilichini

Souvenir de la Thy,

Mai  1979.

Lorsque le soir venu, assis sur la terrasse,

L’homme contemple les lieux au soleil couchant,

Et qu’une odeur de miel à l’air frais se mêlant,

Et que le jour enfin s’estompe et qu’il trépasse,

Que la nature se calme, que les oiseaux se taisent,

Il n’est d’autre endroit que j’aime et qui me plaise.

 

 

Fernande Le Riche  1997   Sourep, Ambrosine, et autres récits.

Levée de très bonne heure, elle trottine à pas menus toute la matinée. Elle s’occupe de son jardin jusqu’à neuf heures ; elle sème, transplante, sarcle, arrose, s’intéresse à toute les plantes qui lèvent d’elles mêmes dans ses plates bandes ; elle les entoure de soins incessants pour arriver un beau jour à constater  dans un éclat de rire l’existence d’une plante sauvage de plus.

Car le jardin d’Elisabeth est un coin de forêt vierge en pleine ville. Les arbres y poussent leurs troncs et leurs branches dans toutes les directions, une liane à larges feuilles vertes et jaunes escalade un bourao, tandis qu’une vigne vierge rose recouvre l’arche formée par un autre, d’un manteau de verdure égayé de fleurettes rose vif ; une autre liane, à petites feuilles opposées, tapisse le tronc d’un bois noir et, à la saison, de longues trainées de fleurs jaunes se balancent au gré de la brise, sous le ciel bleu.

ciel bleu

Une autre liane, laiteuse celle là, lance ses rameaux à l’assaut d’un faux poivrier qu’elle a même dépassé.  Ses clochettes mauves donnent naissance à des fruits ligneux, longs et triangulaire qui, en s’entrouvrant, laissent échapper des houppettes  de  soie blonde terminées par une graine minuscule et que le vent pousse de tout côté comme de petit parachutes. De même que cette liane, un banian, un figuier sauvage et un bel arbre de brousse ont poussé tout seul, apportés par le vent au milieu des fougères et des lataniers.

 

Pour finir l’année, à l’approche des vacances d’été, la classe  a choisi de rêver un peu en s’offrant un petit  tour du monde des jardins que tous aimeraient vraiment pouvoir visiter un jour …..  Quittons  donc  notre petite île et partons pour :

japon

 Les jardins deKyoto

 

st petersbourg

Le jardin d’été de Saint pétersbourg

 

versaille

Les jardins de Versailles

 marrakech

Marrakech et le jardin Majorelle

 central park

Central Park à New York

bresil

 

Les jardins de Fazenda Marambaïa au Brésil 

rapa nui

Et pour rentrer chez nous , une dernière escale : la mystérieuse Rapa Nui (Ile de Pâques) et ses géants de Pierre ; on dit qu’elle fut un ( le ?) jardin d’Eden…

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