Phèdre, une héroïne de tragédie
Les sources de la tragédie racinienne
En lien avec la séquence sur le Classicisme, nous vous proposons de découvrir une tragédie de Jean Racine, Phèdre.
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Phèdre, une figure de la mythologie grecque
Fille de Minos (roi de Crète) et de Pasiphaé (fille d’Hélios, personnification du soleil), Phèdre est l’épouse de Thésée, roi fondateur d’Athènes auquel elle donnera deux fils, Démophon et Acamas. Elle tombe amoureuse d’Hippolyte, son beau-fils, né des amours antérieures de Thésée et d’Antiope, reine des Amazones. Hippolyte refuse cet amour : Phèdre, pour se venger, accuse le jeune homme d’avoir voulu abuser d’elle. Thésée maudit alors son fils et demande à Poséidon de le punir. Le dieu des mers et des océans invoque un monstre qu’il met sur la route d’Hippolyte. Effrayés, les chevaux s’enfuient et renversent le char du jeune homme qui meurt les membres disloqués. Prise de remords, Phèdre s’empoisonne alors que Thésée découvre trop tard la vérité.
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Une tragédie d’Euripide
Poète et dramaturge grec (484-406 av. J-C), Euripide a écrit une tragédie reprenant le mythe de Phèdre intitulée Hippolyte, en 428. Aphrodite, déesse de l’amour, jalouse du fait qu’Hippolyte lui préfère Artémis, déesse de la chasse, va se venger de lui en rendant Phèdre amoureuse de son beau-fils. Souhaitant dans un premier temps se tuer, elle avoue sa passion à sa nourrice qui en fait part elle-même à Hippolyte. Ce dernier est scandalisé. Devant sa réaction Phèdre décide de se pendre, non sans avoir auparavant laissé des tablettes qui accusaient le jeune homme de l’avoir violée. Thésée, furieux, voue son fils à la vengeance de Poséidon : un monstre marin causera sa perte. Artémis dévoilera enfin la vérité à Thésée.
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Extrait : quand Aphrodite prépare sa vengeance…
« À Trézène, un dément répudie mes faveurs
Et refuse l’hymen : il insulte Cypris !
Hippolyte est son nom, c’est le fils de Thésée ;
Il est le nourrisson du vertueux Pitthée
Et n’aime que la sœur de Phébos, Artémis.
Il la tient comme la plus noble des déesses.
Il parcourt les forêts louant la chasseresse,
Massacrant sans pitié maintes bêtes sauvages.
Je ne le maudis pas, mais l’humiliation
Doit être châtiée. De fait, j’ai contre lui
Médité quelque plan.»
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Extrait : quand Phèdre avoue…
« Le seul acte qui vaille. Ah ! Cet amour coupable,
– Comment donc l’ignorer – outrageait mon renom.
Je ne suis qu’une femme… Ah ! Qu’elle disparaisse
La gueuse qui s’emploie à tromper son époux
Dans les bras d’un amant ! Quel objet de dégoût !
Dans les hautes lignées on regarde les femmes :
Leur exemple est suivi par les petites gens
Qui de ce fait les croient couronnées de vertus.
J’en viens à détester celles qui parlent peu,
Mais se livrent dans l’ombre à leur lubricité.
Comment donc, ô Cypris, ô reine née des eaux,
Comment font-elles, quand leur époux les étreint,
Pour le regarder en face, sans que la nuit
Et les murs du palais hurlent leur impudeur ?
Si je cherche à mourir, c’est pour que mon époux
Et mes enfants ne souffrent point le déshonneur. »
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Notons que dans sa Phaedra (vers 50ap. J-C), le dramaturge Sénèque va rependre le personnage de Phèdre en concentrant l’action sur elle. Racine s’en inspirera en éliminant de la pièce antique tout ce qui peut être violent ou sanguinaire sur scène et en développant la psychologie de l’héroïne. De même Racine va s’inspirer du poète latin Ovide (43 av. J-C / 17 ap. J-C) qui dans son ouvrage Les Métamorphoses fait parler Hippolyte sur son propre destin. En France, aux XVIème et XVIIème siècles de nombreux auteurs vont reprendre la légende de Phèdre, mais ceux-ci n’auront aucune influence sur la version racinienne du mythe.
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Phèdre de Racine
Créée le premier Janvier 1667, Phèdre est considérée comme le chef d’œuvre de Racine. Ce sera d’ailleurs sa dernière tragédie « profane » (dont le thème n’est pas religieux). Le succès a été total et retentissant. Le fait qu’il s’attaque à un tabou universel (l’inceste), qu’il mette en scène le conflit entre l’amour et le poids de l’hérédité, nous amène à réfléchir à notre condition humaine, aujourd’hui comme hier.
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Préface de Phèdre, de Jean Racine
Découvrons ensemble la préface que Jean Racine a rédigée afin de préciser les motifs qui l’ont amené à l’écriture de sa pièce. Ce texte est particulièrement intéressant dans le sens où l’on y retrouve les principes fondateurs de la doctrine classique. Ainsi, afin de pouvoir facilement les repérer, les principes évoqués dans le texte initial ont été «colorisés», chacun de manière différente. Vous trouverez à la fin de la préface les explications nécessaires à leur élucidation.
«Voici encore une tragédie dont le sujet est pris d’Euripide. Quoique j’aie suivi une route un peu différente de celle de cet auteur pour la conduite de l’action, je n’ai pas laissé d’enrichir ma pièce de tout ce qui m’a paru de plus éclatant dans la sienne. Quand je ne lui devrais que la seule idée du caractère de Phèdre, je pourrais dire que je lui dois ce que j’ai peut-être mis de plus raisonnable sur le théâtre. Je ne suis point étonné que ce caractère ait eu un succès si heureux du temps d’Euripide, et qu’il ait encore si bien réussi dans notre siècle, puisqu’il a toutes les qualités qu’Aristote demande dans le héros de tragédie, et qui sont propres à exciter la compassion et la terreur. En effet, Phèdre n’est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente. Elle est engagée, par sa destinée et par la colère des dieux, dans une passion illégitime, dont elle a horreur toute la première. Elle fait tous ses efforts pour la surmonter. Elle aime mieux se laisser mourir que de la déclarer à personne, et lorsqu’elle est forcée de la découvrir, elle en parle avec une confusion qui fait bien voir que son crime est plutôt une punition des dieux qu’un mouvement de sa volonté.
J’ai même pris soin de la rendre un peu moins odieuse qu’elle n’est dans les tragédies des Anciens, où elle se résout d’elle-même à accuser Hippolyte. J’ai cru que la calomnie avait quelque chose de trop bas et de trop noir pour la mettre dans la bouche d’une princesse qui a d’ailleurs des sentiments si nobles et si vertueux. Cette bassesse m’a paru plus convenable à une nourrice, qui pouvait avoir des inclinations plus serviles, et qui néanmoins n’entreprend cette fausse accusation que pour sauver la vie et l’honneur de sa maîtresse. […]
Au reste, je n’ose encore assurer que cette pièce soit en effet la meilleure de mes tragédies. Je laisse aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix. Ce que je puis assurer, c’est que je n’en ai point fait où la vertu soit plus mise en jour que dans celle-ci. Les moindres fautes y sont sévèrement punies ; la seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et haïr la difformité. C’est là proprement le but que tout homme qui travaille doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose. Leur théâtre était une école où la vertu n’était pas moins enseignée que dans les écoles des philosophes. Aussi Aristote a bien voulu donner des règles du poème dramatique, et Socrate, le plus sage des philosophes, ne dédaignait pas de mettre la main aux tragédies d’Euripide. Il serait à souhaiter que nos ouvrages fussent aussi solides et aussi pleins d’utiles instructions que ceux des poètes. Ce serait peut-être un moyen de réconcilier la tragédie avec quantité de personnes célèbres par leur piété et par leur doctrine, qui l’ont condamnée dans ces derniers temps, et qui en jugeraient sans doute plus favorablement, si les auteurs songeaient autant à instruire leurs spectateurs qu’à les divertir, et s’ils suivaient en cela la véritable intention de la tragédie.»
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>>> Le renvoi aux anciens de l’antiquité grecque et romaine est constant chez les auteurs classiques. Ils y trouvent des modèles pour leurs œuvres. Ainsi Racine puisera-t-il chez Euripide, Sénèque ou Ovide.
>>> Le philosophe et mathématicien grec Aristote (384-322 av. J.-C) est la figure de référence des auteurs classiques. Dans son ouvrage De la poétique (334 av. J-C) il développe ses théories sur la tragédie, l’épopée et l’imitation.
>>> Le spectateur d’une tragédie doit ressentir à la fois de la pitié et de la terreur pour le héros ou l’héroïne. Ces personnages en action doivent lui servir d’exemples de ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire dans la vie. Le spectacle tragique, par le biais des leçons qu’il donne et du plaisir esthétique qu’il procure, amène le spectateur à se purger de ses passions (la catharsis), à agir avec raison et droiture ; des qualités propres à « l’honnête homme ».
>>> C’est là un des aspects de la règle de la bienséance. Phèdre, en tant qu’héroïne tragique, se doit de « bien se tenir ». Ainsi une reine ne se comporte pas comme le commun des mortels, ses sentiments sont nobles, elle agit selon des codes qui sont spécifiques à son statut social.
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Extraits de l’œuvre
Texte 1 Acte I, scène 3.
L’aveu d’une passion maudite
Oenone, Phèdre
OENONE
Aimez-vous ?
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PHÈDRE
De l’amour j’ai toutes les fureurs.
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OENONE
Pour qui ?
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PHÈDRE
Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J’aime… à ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J’aime…
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OENONE
Qui ?
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PHÈDRE
Tu connais de fils de l’Amazone,
Ce Prince si longtemps par moi-même opprimé.
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OENONE
Hippolyte ? Grands dieux !
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PHÈDRE
C’est toi qui l’as nommé !
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OENONE
Juste ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace.
Ô désespoir ! Ô crime! Ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivages malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux (1) ?
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PHÈDRE
Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée (2)
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler,
Je sentis tout mon corps et transir (3) et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit (4) tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner,
Je lui bâtis un temple, et pris soin l’orner.
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs (5) ma raison égarée.
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens.
Quand ma bouche implorait le nom de la Déesse,
J’adorais Hippolyte ; et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer,
J’offrais tout à ce Dieu que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j’osai me révolter.
J’excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre (6),
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein et des bras paternels.
Je respirais, Oenone ; et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits (7).
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J’ai revu l’ennemi que j’avais éloigné.
Ma blessure trop vite aussitôt a saigné,
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée ;
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée.
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(1) Trézène, ville de Grèce où Phèdre vient de revoir Hippolyte.
(2) Fils d’Egée : Thésée, son mari, roi d’Athènes.
(3) Transir : glacer.
(4) Vénus s’acharne contre la lignée du Soleil, coupable d’avoir dévoilé son amour avec Mars.
(5) Les sacrifices pratiqués en l’honneur de Vénus.
(6) Marâtre : belle-mère
(7) Les fruits : les enfants qu’elle a eus avec Thèsée.
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Analyse de l’extrait
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Phèdre est la dernière tragédie de Racine inspirée de l’antiquité. Il est alors au sommet de sa gloire. Le passage que nous allons étudier se situe au moment où Thésée, époux de Phèdre et père d’Hippolyte, est absent du royaume. Apparaît Phèdre : tourmentée elle songe au suicide. Les questions de sa suivante Oenone l’amène à avouer la terrible vérité : elle aime Hippolyte. Nous allons voir de quelle manière, dans cette tirade au lyrisme élégiaque, Phèdre évoque sa « monstrueuse » passion en nous intéressant, dans un premier temps, aux manifestations de cet amour fou, pour voir ensuite que cet amour est une force qui aliène Phèdre inexorablement.
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I) Les signes du désordre amoureux
a) Des troubles physiques contradictoires
Ce qu’il faut d’abord remarquer c’est que ce passage est marqué par la présence d’oxymores qui illustrent le mal-être de l’héroïne : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue »/ « Je sentis tout mon corps et transir, et brûler. » Seul exutoire à sa passion dévorante, le corps exprime les tourments de l’amoureuse, entre honte et désir. Les symptômes d’une altération physique sont omniprésents : » je tremble, je frissonne, tout mon sang dans mes veines se glace, mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler, je respirais (oppression physique au contact de son beau-fils), ma blessure trop vive aussitôt a saigné. » La présence de ce champ lexical du corps souligne une souffrance de la chair particulièrement violente. Phèdre ne peut se maîtriser, ses troubles physiques traduisent affection une morale tout aussi aiguë.
b) Tempête sous un crâne
Les troubles moraux dont souffre Phèdre sont intenses : « un trouble s’éleva dans mon âme éperdue, ma raison égarée. Là encore on peut parler de perte de sens due à un conflit intérieur tenace. La rougeur dont il est question plus avant suggère la manifestation d’un profond sentiment de honte. L’anaphore « J’aime » suivie des points de suspension est à ce titre révélatrice : sa langue, aliénée par sa passion, est impuissante à révéler un amour dissimulé depuis trop longtemps. L’usage de la périphrase « ce fils de l’Amazone » illustre lui aussi cette nécessité de différer le moment de l’aveu.
c) Hippolyte idéalisé
Il est littéralement l’idole de Phèdre, l’oxymore « superbe ennemi » repris par « l’ennemi dont j’étais idolâtre » soulignant toute l’ambiguïté de la relation. Le champ lexical de la religion associe les voeux adressés à Vénus et l’amour pour Hippolyte qui devient lui-même un dieu : « Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,/J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,/ Même au pied des autels que je faisais fumer,/J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer. » A noter l’emploi de l’imparfait de l’indicatif dont la valeur durative donne l’impression d’actions répétées.
II) Un amour fatal
a) Des tentatives de diversion
Phèdre va, à plusieurs reprises, tenter de tout faire pour échapper à sa passion : ce sera une série d’échecs. D’abord elle va avoir recours à la religion comme l’illustre la série d’actions pieuses que Phèdre va enchaîner. Au cœur de la tirade nous pouvons remarquer les nombreux verbes d’action « je lui bâtis, pris soin de l’orner, je cherchais dans leurs flancs, ma main brûlait l’encens, autels que je faisais fumer, je l’évitais partout ». L’hyperactivité de Phèdre est un moyen pour elle d’échapper à l’emprise de sa passion. A noter la présence de nombreux termes au pluriel (vœux assidus, victimes, flancs, remèdes impuissants, les autels X2) qui créent un effet de masse, tout comme l’utilisation d’hyperboles (Par des vœux assidus je crus les détourner, De victimes moi-même à toute heure entourée). Ensuite Phèdre va essayer d’éloigner Hippolyte. Nous pouvons relever la présence de nombreux verbes au passé simple qui évoquent une succession de démarches auprès de Thésée afin que celui-ci exile son fils : « J’excitai, j’affectai les chagrins, je pressai son exil, mes cris éternels l’arrachèrent du sein et des bras paternels ». En multipliant les actions Phèdre pense se sauver, en vain.
b) Les échecs
Les nombreuses propositions exclamatives illustrent l’impuissance de Phèdre à se détourner de son amour : « D’un incurable amour remèdes impuissants ! (suffixes marquants l’échec)/ Ô comble de misère !/ Vaines précautions ! Cruelle destinée ! ». Son obsession a raison de ses tentatives de diversion comme le soulignent ces deux vers antithétiques »Je l’évitais partout. Ô comble de misère !/ Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père ». Phèdre ne peut rien faire contre cet « incurable amour ».
c) Une hérédité fatale
Victime de l’amour, Phèdre se présente aussi comme victime de Vénus qui a maudit sa mère Pasiphaé pour s’être unie à un taureau : « Je reconnus Vénus, et ses feux redoutables,/ D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables ». Il s’agit donc ici d’un autre amour monstrueux. Vénus, en s’acharnant contre la lignée du soleil coupable d’avoir dévoilé son amour adultère avec Mars, condamne irrémédiablement Phèdre : « C’est Vénus tout entière à sa proie attachée ».
Dépossédée d’elle-même Phèdre avoue son amour et s’avoue vaincue. Sa passion fatale ne peut qu’engendrer le malheur, elle le sait, mais ne peut rien opposer à cette force surhumaine qui la soumet.
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Texte 2 : Acte II, scène 5
L’aveu à Hippolyte
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PHÈDRE
Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée
Je l’aime, non point tel que l’ont vu les enfers,
Volage adorateur de mille objets divers,
Qui va du dieu des Morts déshonorer la couche ;
Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche,
Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi,
Tel qu’on dépeint nos dieux, ou tel que je vous voi.
Il avait votre port, vos yeux, votre langage ;
Cette noble pudeur colorait son visage,
Lorsque de notre Crète il traversa les flots,
Digne sujet des vœux des filles de Minos.
Que faisiez-vous alors ? Pourquoi, sans Hippolyte,
Des héros de la Grèce assembla-t-il l’élite ?
Pourquoi, trop jeune encor, ne pûtes-vous alors
Entrer dans le vaisseau qui le mit sur nos bords ?
Par vous aurait péri le monstre de la Crète,
Malgré tous les détours de sa vaste retraite.
Pour en développer l’embarras incertain,
Ma sœur du fil fatal eût armé votre main.
Mais non : dans ce dessein, je l’aurais devancée ;
L’amour m’en eût d’abord9 inspiré la pensée ;
C’est moi, prince, c’est moi, dont l’utile secours
Vous eût du Labyrinthe enseigné les détours
Que de soins m’eût coûtés cette tête charmante !
Un fil n’eût point assez rassuré votre amante
Compagne du péril qu’il vous fallait chercher,
Moi-même devant vous j’aurais voulu marcher ;
Et Phèdre au Labyrinthe avec vous descendue
Se serait avec vous retrouvée ou perdue.
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HIPPOLYTE
Dieux ! Qu’est-ce que j’entends ? Madame, oubliez-vous
Que Thésée est mon père, et qu’il est votre époux ?
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PHÈDRE
Et sur quoi jugez-vous que j’en perds la mémoire,
Prince ? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire ?
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HIPPOLYTE
Madame, pardonnez ; j’avoue, en rougissant,
Que j’accusais à tort un discours innocent.
Ma honte ne peut plus soutenir votre vue ;
Et je vais…
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PHÈDRE
Ah ! Cruel ! Tu m’as trop entendue !
Je t’en ai dit assez pour te tirer d’erreur.
Eh bien ! Connais donc Phèdre et toute sa fureur.
J’aime. Ne pense pas qu’au moment que je t’aime,
Innocente à mes yeux, je m’approuve moi-même,
Ni que du fol amour qui trouble ma raison,
Ma lâche complaisance ait nourri le poison ;
Objet infortuné des vengeances célestes,
Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang ;
Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De séduire le cœur d’une faible mortelle.
Toi-même en ton esprit rappelle le passé
C’est peu de t’avoir fui, cruel, je t’ai chassé ;
J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine ;
Pour mieux te résister, j’ai recherché ta haine.
De quoi m’ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins ;
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
J’ai langui, j’ai séché dans les feux, dans les larmes
Il suffit de tes yeux pour t’en persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
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Analyse de l’extrait
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A la fin de l’acte I Phèdre apprend la mort de Thésée et Oenone lui fait comprendre qu’il n’y a plus alors d’obstacle à son amour pour Hippolyte. Alors que la discussion porte sur la succession de Thésée Phèdre peu à peu se laisse aller et va avouer les sentiments qui la tourmentent à l’égard de son beau-fils. Nous verrons dans un premier temps dans quelle mesure Phèdre est totalement obsédée par Hippolyte pour ensuite voir qu’elle est en fait victime d’une fatalité qui l’a rend monstrueuse.
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I) Hippolyte, le fantasme de Phèdre
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a) Un être magnifié
Un fantasme est une image qui évoque et nourrit le désir exarcerbé d’un être humain. Ici c’est Hippolyte qui est l’objet de toute l’attention de Phèdre et l’image de celui-ci s’impose d’autant plus dans les propos qu’elle tient que l’image de Thésée est dévalorisée (termes péjoratifs aux vers 3 et 4). Au contraire à partir du vers 5 qui débute avec la conjonction « Mais » marquant l’opposition, Phèdre va utiliser une série de termes mélioratifs qui vont substituer l’image d’Hippolyte à celle de son père : « fidèle, fier, un peu farouche, charmant, jeune, traînant tous les coeurs après soi ». Le transfert est clairement assumé : »tel que je vous voi », Hippolyte a remplacé Thésée dans le coeur de Phèdre, Thésée dont elle parle maintenant au passé (imparfait puis passé-simple).
b) Le passé reconstruit
En remplaçant Thésée dans l’esprit de Phèdre, Hippolyte va devenir héros à la place de son père dans la légende du Minotaure, une légende rêvée ( propositions interrogatives aux vers 12, 13, 15, usage de conditionnels aux vers 16, 19, 20 etc). Phèdre elle-même va alors prendre la place de sa soeur Ariane, faisant même mieux qu’elle, et se présentant en soutien fidèle du héros (termes mélioratifs : « je l’aurais devancée, utile secours, enseigné les détours, soins, compagne du péril, devant vous j’aurais voulu marcher). Notons qu’à ce moment de la tirade Phèdre n’hésite plus à cacher ses sentiments : « L’amour m’en eût inspiré la pensée (v 21)/ cette tête charmante (v 24)/ rassuré votre amante (v 25)/Compagne du péril (v 26). Au vers 22 l’anaphore « c’est moi » enlace littéralement Hippolyte. Ainsi la référence au labyrinthe dans les vers précédents prend ici tout son sens : symboliquement Phèdre et Hippolyte sont seuls enfermés dans un dédale de sentiments dont l’issue ne peut être que funeste. A cet égard notons que la femme de Thésée s’est totalement substituée à sa sœur en se nommant comme figure du couple qu’elle désire de ses vœux : « Et Phèdre au Labyrinthe avec vous descendue/Se serait retrouvée ou perdue ». Se retrouver ou se perdre, voilà ce qu’elle propose à Hippolyte qui n’en croit pas ses oreilles. La fatalité est en marche.
II) Phèdre, une victime de l’amour
a) La puissance aveuglante des dieux
Phèdre insiste sur le fait qu’elle est le jouet d’un destin auquel la condamnent les dieux. « Faible mortelle » (vers 50) elle ne peut lutter contre des forces qui la dépassent : présence du champ lexical de la divinité avec des termes tels que : « Objet infortuné des vengeances célestes/Dieux (3X) /le feu fatal à tout mon sang) ». La lutte est certes inégale, néanmoins il faut remarquer que Phèdre recouvre par instants sa lucidité, comme aux vers 32 et 33 où, comme décillée, elle retrouve sa majesté. Elle n’a pas perdu son sens moral, et c’est qui rend son comportement encore plus monstrueux à ses yeux. Son aveu est terrifiant et la honte qu’il inspire est visible dans le comportement d’Hippolyte lui-même : « Si tes yeux un moment pouvaient me regarder » (vers 60). Sa détestation pour elle-même est totale : « Je m’abhorre… » et l’évocation de ses vaines tentatives pour éloigner Hippolyte est pathétique. Sous bien des aspects la monstruosité de Phèdre inspire la pitié, une pitié pour une femme perdue qui souffre.
b) La violence de la passion
Le tutoiement à partir du vers 38 ne laisse aucun doute quant à l’aveuglement de l’héroïne : elle éprouve le besoin irrépressible de se rapprocher de l’objet de sa passion. C ‘est une façon de le posséder, de se l’approprier de force. Son amour est féroce comme le suggèrent les antithèses qui illustrent ce sentiment dans toute leur violence : « je languis/je brûle » (vers 1), « J’ai langui, j’ai séché dans les feux, dans les larmes » (vers 58). Notons la présence du champ lexical de la folie (Phèdre et toute sa fureur, fol amour qui trouble ma raison, perdue). Son amour coupable la rend folle et la fait souffrir comme le prouvent les propositions exclamatives : « Ah ! Cruel ! Tu m’as trop entendue !/ Eh bien ! ».
Passage clef de l’œuvre cette scène de déclaration d’amour a marqué les esprits. Phèdre ne peut plus revenir en arrière et sa passion, elle le sait, est fatale. En se révélant elle se condamne et elle condamne Hippolyte.
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Texte 3 : Acte v, scène 6
La mort d’Hippolyte
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THÉRAMÈNE
Un effroyable cri, sorti du fond des flots
Des airs en ce moment a troublé le repos;
Et du sein de la terre, une voix formidable (1)
Répond en gémissant à ce cri redoutable.
Jusqu’au fond de nos coeurs notre sang s’est glacé.
Des coursiers (2) attentifs le crin s’est hérissé.
Cependant (3) sur le dos de la plaine liquide
S’élève à gros bouillons une montagne humide (4).
L’onde approche, se brise, et vomit à nos yeux
Parmi des flots d’écume, un monstre furieux.
Son front large est armé de cornes menaçantes;
Tout son corps est couvert d’écailles jaunissantes,
Indomptable taureau, dragon impétueux,
Sa croupe se recourbe en replis tortueux.
Ses longs mugissements font trembler le rivage.
Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage,
La terre s’en émeut, l’air en est infecté,
Le flot qui l’apporta recule épouvanté.
Tout fuit ; et sans s’armer d’un courage inutile,
Dans le temple voisin chacun cherche un asile.
Hippolyte lui seul, digne fils d’un héros,
Arrête ses coursiers, saisit ses javelots,
Pousse au (5) monstre, et d’un dard lancé d’une main sûre
Il lui fait dans le flanc une large blessure.
De rage et de douleur le monstre bondissant
Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant,
Se roule, et leur présente une gueule enflammée,
Qui les couvre de feu, de sang et de fumée.
La frayeur les emporte, et sourds à cette fois (6),
Ils ne connaissent plus ni le frein ni la voix ;
En efforts impuissants leur maître se consume.
Ils rougissent le mors d’une sanglante écume.
On dit qu’on a vu même, en ce désordre affreux
Un dieu qui d’aiguillons pressait leur flanc poudreux(7).
A travers des rochers la peur les précipite.
L’essieu crie et se rompt : l’intrépide Hippolyte
Voit voler en éclats tout son char fracassé;
Dans les rênes lui−même, il tombe embarrassé.
Excusez ma douleur. Cette image cruelle
Sera pour moi de pleurs une source éternelle.
J’ai vu, Seigneur, j’ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux que sa main a nourris.
Il veut les rappeler, et sa voix les effraie.
Ils courent ; tout son corps n’est bientôt qu’une plaie.
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(1) qui inspire une grande peur
(2) les chevaux d’Hippolyte
(3) pendant ce temps
(4) métaphore pour la mer qui se soulève
(5) s’élance contre
(6) cette fois
(7) recouverts de poussière
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Analyse de l’extrait
Au moment où Thésée commence à douter de la culpabilité d’Hippolyte et demande à Neptune de ne pas exécuter sa sentence, Théramène vient lui apprendre la terrible nouvelle : son fils a été tué par un monstre marin alors qu’il quittait Trézène. Nous nous intéresserons dans un premier temps à la façon dont s’organise ce récit, pour ensuite voir dans quelle mesure cette description est à la fois pathétique et tragique.
I) L’organisation du récit
a) Une composition travaillée
Plus qu’une simple description ce récit captive le spectateur et le lecteur dans le sens où nous pouvons revivre le rythme des événements, cela grâce à une mise en scène subtile d’un suspense qui crée l’attente. Ainsi nous pouvons noter une alternance de points de vue narratifs qui multiplie les angles de représentation de la scène. Cela commence par l’apparition formidable du monstre sortant des eaux à laquelle répondent les réactions de la troupe et des chevaux : « Jusqu’au fond de nos cœurs notre sang s’est glacé. / Des coursiers attentifs le crin s’est hérissé. » Le récit revient ensuite longuement sur le monstre, puis sur Hippolyte seul devant lui. A cet épisode succède la panique des chevaux qui vont précipiter le jeune homme vers la mort. Cette succession de plans quasi cinématographiques permet de dramatiser la scène en insufflant au récit un rythme haletant.
b) Le recours au suspense
Au moment le plus poignant Théramène interrompt son récit pour faire part de sa douleur : il s’agit là du procédé de l’aposiopèse, qui consiste à suspendre une réplique et de la laisser inachevée afin d’exprimer son émotion : « Excusez ma douleur. Cette image cruelle / Sera pour moi de pleurs une source éternelle. » Autre moyen de faire monter la tension dramatique : donner à voir avant d’expliquer. Ainsi l’apparition du monstre marin se fait-elle d’abord par signes : on entend une « voix formidable », puis est rapportée la réaction des chevaux. Nous voyons ensuite les mouvements de la mer, métaphorisée : « Cependant sur le dos de la plaine liquide / S’élève à gros bouillons une montagne humide. » Enfin la cause de tous ces phénomènes est dévoilée : « un monstre furieux » apparaît.
c) Une scène épique
Ce passage tient de l’épopée dans la mesure où il met en présence un jeune héros face à une force qui le dépasse et contre laquelle il ne craint pas de combattre. La description du monstre, à ce titre, est exemplaire et spectaculaire. Nous avons à faire à une créature hors-norme, « Indomptable taureau, dragon impétueux » tenant à la fois de la chimère, de la sphinge et de l’aberration serpentiforme. Face à lui, seul (tous ses compagnons ayant fui…) se dresse Hippolyte, représentant de l’humanité affrontant une force surnaturelle.
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II) Un récit pathétique
a) L’évocation du monstrueux
Il s’agit bien ici de « donner à voir » au spectateur une scène qui ne peut être vue puisque l’un des ses personnages, le monstre, est irreprésentable. Racine va avoir recours à des procédés qui vont permettre de « matérialiser » ce monstre, en usant par exemple de l’hypotypose (figure de style consistant en une description réaliste et animée d’une scène qui donne l’impression d’être vécue au moment de son expression). D’où l’importance des détails (description précise du monstre), des mouvements et des gestes. A noter les sonorités de certains vers dans lesquels allitérations et assonances imitatives ajoutent une dimension auditive aux actions : « Sa croupe se recourbe en replis tortueux / Pousse au monstre, et d’un dard lancé d’une main sûre ». Il faut d’ailleurs remarquer que les notations auditives sont très nombreuses dans le texte et permettent de retranscrire l’atmosphère chaotique de la scène (à repérer). La lutte est inégale et le spectateur impuissant ne peut qu’assister à la fin du héros.
b) Un héros qui inspire la pitié
A partir du moment où Hippolyte est emporté par ses chevaux et que l’action se concentre sur lui, l’émotion est à son comble, d’autant plus que les paroles d’Hippolyte sont rendues au discours direct par Théramène : « Il veut les rappeler, et sa voix les effraie ». La mort d’Hippolyte est évoquée avec un luxe de détails dont la violence nourrit la compassion du spectateur ou du lecteur. La dégradation physique du héros, en particulier, inspire la pitié : « image cruelle / malheureux fils / Traîné par les chevaux que sa main a nourris/ Tout son corps n’est bientôt qu’une plaie ».
c) Le témoignage d’un ami
Le pathétique de la scène tient aussi du fait que le dernier témoin de l’événement n’est autre qu’un proche du héros et le procédé de l’aposiopèse, que nous avons évoqué plus avant, permet de traduire toute l’émotion de Théramène qui voit mourir son ami devant ses yeux. Dans le jeu, cette émotion ne peut qu’éveiller la pitié du spectateur.
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III) Un récit tragique
a) Un combat perdu d’avance
La situation d’Hippolyte est tragique dans la mesure où il subit la volonté d’un Dieu dont la puissance est totale. Le héros est seul : « Hippolyte lui seul, digne fils d’un héros / Arrête ses coursiers, saisit ses javelots » et il fait front face au monstre. D’ailleurs il semble que Neptune lui-même participe à l’exécution : « On dit qu’on a vu même en ce désordre affreux / Un dieu, qui d’aiguillons pressait leur flanc poudreux. » Hippolyte est bel et bien condamné.
b) Une situation d’énonciation tragique
En relatant les derniers instants d’Hippolyte à son père, Théramène ne fait que lui rappeler la malédiction dont Thésée est l’auteur, une malédiction qui s’est réalisée pleinement, implacablement. Le dénouement est donc logique, tragiquement logique. Hippolyte, victime innocente d’une passion impossible, est broyé par une machination qu’il refuse, par honneur, de dénoncer. Thésée, enfin décillé, ne peut que constater son erreur. Trop tard.
c) Une fin horrible
Si le dénouement d’une tragédie doit nous amener à une catharsis, force est de constater ici que c’est plus un sentiment de dégoût et de gâchis qui domine chez le spectateur et le lecteur. Phèdre est punie, certes, mais les conditions de la mort d’Hippolyte, dans leur atrocité, sont plus à même de créer un sentiment de pitié plutôt que de terreur.
Ce dénouement est intéressant dans le sens où le récit, en décrivant une scène invisible, a une puissance d’évocation plus forte qu’une représentation directe de la scène.
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Je triche comment moi ?
On peut pas tricher, ça me les brise sévère!!!!
C’est nul on ne peut rien faire !!!!!
Merci beaucoup pour cette explication très bien détaillée, cette pièce de théâtre est composée de beaucoup d’amour et de force !
Merci monsieur pour ce moyen pédagogique, cela va nous permettre d’approfondir nos connaissances dans notre lecture et nos recherches et à mieux comprendre le livre. Merci !
Je trouve ça excellent. Surtout on comprend mieux, les phrases sont bien construites et facile à comprendre. Donc pour moi en général c’est impeccable. Merci Mr Lionel pour les textes et le résumé.
C’est un document très bien rédigé et très instructif. Il y a beaucoup de parties qui me font revenir des anciennes connaissances qui m’avaient échappées.
Je trouve que votre résumé est trés interressant car il nous permet de comprendre la tragédie et nous instruit sur la façon dont on résume un texte.
Merci mr Lionel PASSA et SAWAZA
Merci monsieur pour ce que vous avez fait, grâce à ces informations nous pouvons mieux comprendre le livre et comprendre une histoire tragique.
Merci pour votre publication et vos résumés, cela nous permet de mieux comprendre et d’approfondir nos connaissances pour la suite de nos études.
C’est une très bonne chose de publier des résumés de livres et cela va permettre aux élèves de comprendre un peu mieux le livre. Merci monsieur Lionel