Sciences-Po à portée de main
Science-Po Paris s’ouvre aux élèves de terminale du lycée Do Kamo. Cette année, l’établissement privé est le deuxième de France à bénéficier de modalités d’admission réservées aux zones défavorisées.
Dans la salle de conférence du lycée Do Kamo, face aux projecteurs, des rires nerveux fusent. « Sciences Politiques est une école très, très, prestigieuse. Tous les grands décideurs publics et privés sont passés par là, explique Michel Martz, représentant du vice-recteur. Vous allez me dire que ça n’est pas pour vous. On vient vous dire le contraire. » Hier, au lycée privé évangélique, l’ordre du jour était au soutien des ambitions. Cette année, les élèves de Do Kamo et d’Anova, au grand Nouméa, viennent rejoindre les listes de la convention d’éducation prioritaire, signée entre le collège universitaire de Sciences-Po et les établissements français accueillant des étudiants issus de familles défavorisées. Ces élèves de terminales, générale et technologique, ont désormais la possibilité d’intégrer l’IEP de Paris en préparant un concours aux modalités différentes, plus encadrées et moins contraignantes en matière de coûts.
« C’est un recrutement en faveur de l’égalité des chances. »
« C’est un recrutement en faveur de l’égalité des chances, soutien Michel Martz. Et on sait tous ô combien ce pays a besoin de cadres. » L’extension de ce programme dans le secteur de l’enseignement privé est une première nationale. Face au défilé de noms célèbres issus des classes parisiennes, la salle reste pourtant silencieuse. Willy, 19 ans, en terminale ES, est attentif, mais résigné : « Science Po, c’est bien, mais c’est difficile. Moi, je ne pourrais pas y arriver. » Marie-Claude Tjibaou, marraine de l’opération, prend alors les devants : « Les conditions d’accès à l’école ont beaucoup évolué, compare-t-elle. Aujourd’hui, grâce aux dispositifs mis en place, vous n’avez pas raison de ne pas réussir. Il faut arrêter de ne pas saisir les opportunités quand il y a possibilité. »
Les élèves devront « réfléchir vite » : après cette dernière réunion d’information, ils auront une journée et demie pour déposer leurs inscriptions. Par la suite, tout au long de l’année et en dehors des cours, ils travailleront à la constitution d’un dossier de réflexion personnelle sur un sujet de portée internationale. Le bac en poche, les meilleurs seront envoyés à Paris, pour un grand oral de quarante-cinq minutes face à un jury d’universitaires, de hauts fonctionnaires ou de membres de la direction de Sciences Po.
« Nous sommes prêts à les aider »
Questions à… Nicolas Kurtovich, proviseur du lycée Do Kamo.
Les Nouvelles calédoniennes
Pourquoi le lycée Do Kamo a-t-il été choisi pour la signature de la convention ?
Nicolas Kurtovitch
D’une part grâce à nos très bons résultats au bac de l’année dernière (71 % de réussite dans le lycée général). D’autre part, parce qu’en France, le lycée Do Kamo serait classé comme Zone d’éducation prioritaire (ZEP), au vu du nombre d’élèves boursiers ou relevant de l’Aide médicale gratuite.
Cette façon « privilégiée » d’intégrer Sciences-Po n’enlève-t-elle pas le mérite des étudiants ?
Non, car tout d’abord, il n’y a pas de quotas ou de places réservées à ces étudiants. L’année dernière, sur 40 candidats calédoniens, deux ont été acceptés à l’IEP. Je ne sais pas si la filière d’éducation prioritaire est plus facile que le concours général, mais son parcours reste strictement le même, en Calédonie ou en France. Les admissions se font également devant un jury parisien. Nous avons insisté sur l’importance du travail fournir et les sacrifices qu’il faudra faire durant sept mois, tout en préparant le bac.
Qu’apporte cette opportunité aux élèves ?
C’est une épreuve pour que les jeunes se révèlent. La plupart ne réalisent pas ce qu’ils sont capables de faire. Cela aura aussi un effet d’entraînement pour l’ensemble du lycée. Il y aura toute une équipe autour, et nous sommes prêts à les aider sur le plan matériel. Une fois en France, les admis bénéficieront d’une très bonne bourse et seront suivis
par la Maison de la Nouvelle-Calédonie.
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