1979 – 2019, 40 ans seulement !

Le 6 septembre 2019 le lycée Do Kamo fêtera ses 40 ans d’existence par une grande journée de célébration ouverte sur l’avenir.

C’est à la fin de l’année 1948 que l’Eglise protestante achète, rue Taragnat, dans la Vallée des Colons, le terrain de 52 ares où se trouve l’actuel lycée Do Kamo. Son prix, de 1.300.000 f, est important pour l’époque et pour une Eglise désargentée.

Ce sont les missionnaires d’alors (dont M. Charlemagne et M. Lacheret) qui négocieront la vente et paieront une grande partie de la somme de leur poche, en sacrifiant 10 % de leur salaire pendant plusieurs mois. Le FIDES aidera également au financement de cet achat.

Témoignage de M. Charlemagne :

…Le jour où j’ai visité, j’ai demandé au propriétaire :

– Vous croyez en Dieu ?

– Mais oui, je vais à la messe tous les dimanches

– Moi aussi, alors, nous pouvons signer ?

– D’accord !

Nous faisons la promesse de vente, appelée « compromis ». Il fallut alors payer une partie pour valider l’achat. Alors je sors de ma poche un billet de 5 francs et je le tape sur la table comme on fait aux cartes, et je lui dis : « Nous croyons, le bon Dieu mettra le reste ! » Et je m’en vais.

Il courait derrière moi en ville en me traitant de voleur !

Mais le soir, je lui amenais déjà 70.000 f. « Au revoir, le reste bientôt ». Et je visitais tous les riches de Nouméa : Pentecost, Daly, Johnston, la banque pour me prêter le reste. Et voilà, merci à Dieu. 

 

La propriété était en friche, à l’exception du bâtiment en bois bordé de vérandas et couvert de tôles, qui avait été construit côté ville et que jouxtait un canal d’écoulement des eaux.

Inoccupé et en assez mauvais état, ce bâtiment restait toutefois utilisable et pouvait faire  office de logement. Le bas du terrain, recouvert de brousses, était marécageux et l’ensemble se situait dans une Vallée des Colons peu construite et encore champêtre, avec des terrains pentus où paissaient les vaches.

Dès mars 1949, l’Eglise fait construire sur ce terrain un foyer indigène protestant devant servir de lieu d’accueil aux Mélanésiens de passage à Nouméa. Ce foyer devient un lieu d’activités et de réunions pour l’Eglise (Ecole du dimanche, groupe de jeunes, éclaireurs unionistes, conférences missionnaires et conseil supérieur).

Témoignage du pasteur Marc Lacheret (père de Mme Lèques) dans un courrier adressé en 1948 à la direction de la société des Missions de Paris :

« … En conséquence de cette requête (…) nous avons décidé d’ouvrir à Taragnat un foyer indigène pour :

– héberger certains jeunes travailleurs mélanésiens qui n’avaient pas de point fixe et étaient guettés par l’alcoolisme  et la mauvaise conduite

– créer une salle d’accueil pour les réunions de Croix-bleue

– fournir un local à la Troupe d’éclaireurs unionistes indigènes… »

Jacqueline Pittet, institutrice, complète à l’époque :

« Le but de l’acquisition était d’en faire pour l’Eglise un centre de la vie paroissiale, foyer d’accueil, ensuite école pour enfants qui étaient de passage à Nouméa, souvent pour de longues semaines quand leurs familles étaient en traitement hospitalier à Nouméa, ce qui à cette époque était une vraie expédition. »

Ce foyer abrite aussi une école primaire, dite école du foyer, qui fonctionnera jusqu’en 1967. On retrouve dans les listes de ces élèves quelques noms qui ont écrit l’histoire de la Nouvelle-Calédonie :

Jacques Iekawe, Joseph Caihe, Fot Trolue, Dickë Ukeiwe, Yann Celene Uregei, Jacky Kare (orthographe utilisée par les moniteurs dans leurs témoignages).

Ci-dessous le foyer protestant du 15 bis rue Taragnat, le petit grillage sépare le terrain de la rue.

En 1961 l’Eglise y fait construire un bâtiment en dur devant servir de foyer des jeunes travailleurs. Ce foyer devient, en 1969, le premier internat de garçons mélanésiens qui hébergera des élèves scolarisés à Lapérouse jusqu’en 1975. A partir de 1976, ce sont des élèves de Blaise Pascal logent dans cet internat.

A la rentrée 1979, le premier internat en dur est transformé en salles de classe. C’est le premier lycée de l’ASEE. Il comprend deux secondes et reçoit cinquante-quatre élèves et quatre professeurs.

Tout au long de l’année les travaux se poursuivent pour la construction de l’actuel bâtiment A, qui remplace la vieille maison en bois.

Le 30 mai 1980, le lycée est officiellement inauguré et prend le nom de Do kamo, qui signifie « Vrai Homme » en langue ajie (de Houïalou), point de rencontre entre Do neva, « Vrai pays », et Nyipi atr, « Vrai homme » en drehu.

La première décennie fut marquée par un engagement fort pour la cause de l’enseignement des jeunes kanak de la part de toute la communauté éducative (élèves, parents, personnel), avec une violence parfois subie comme lors de l’attentat à la bombe en mai 85, ou l’attaque par une milice raciste en mars 86.

En 89 ouvre le lycée professionnel, en 90 sont enseignés le drehu et l’ajië. En 91 ouvre la seconde adaptée, et apparaissent les ateliers bibliques. En 96 le contrat d’association signé avec l’Etat fait entrer le lycée Do Kamo dans une ère nouvelle de normalisation et d’intégration dans l’enseignement du Pays.

De nouveaux bâtiments sont construits, de nouvelles filières sont ouvertes. Aujourd’hui Do Kamo accueille plus de 500 élèves de toute la Calédonie, et fait toujours vivre l’ambition première, celle de former les jeunes du Pays pour qu’ils deviennent de « Vrais hommes ».

Ci-dessous le nouveau faré reconstruit en 2013.

Les grandes dates de l’histoire de Do Kamo

 

Dates	Evènements
1903	Maurice Leenhart fonde Do Neva
1946	Abolition de l’indigénat, les Kanak deviennent citoyens français
1948	Achat pour l’Eglise protestante par l’intermédiaire de deux missionnaires (Charlemage et Lacheret) d’un terrain appartenant à M. Holl, 52 ares, rue Taragnat
1949	Construction d’un foyer permettant l’accueil à Nouméa des Kanak de passage et lieu d’activités de l’Eglise et école primaire jusqu‘en 1967
1953	Fête du Centenaire de la prise de possession, installation d’un camp scout
27 Juillet 1958 à Do-Néva	Constitution de L’Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique, association de type 1901
24 Avril 1960	Autonomie de l’Eglise Evangélique de Nouvelle-Calédonie et au Îles Loyautés aux dépends de la Société Des Missions de Paris proclamée par le pasteur A. Barnaud au Vieux Temple. Le terrain devient propriété de l’EENCIL Le premier directeur de l’ASEE prend ses fonctions : Hokë Wanothuma alors secrétaire de l’ASEE
1961	Construction d’un bâtiment en dur (au milieu du terrain, démoli en 94) : le foyer des jeunes travailleurs
1969	Internat de garçons pour le lycée Lapérouse jusqu’en 1975
1976/77	Locaux prêtés à la Direction de l’Enseignement Catholique
1978	Nouvel internat pour 16 élèves de Havila et Do Neva en seconde à Blaise Pascal (bâtiment B actuel)
Janvier 1979	Synode de Goaru à Houaïlou de l’EENCIL pour se prononcer en faveur de l’indépendance du peuple kanak, pour la formation de cadres mélanésiens et le respect de toutes les communautés
Mars 1979	Ouverture du lycée Do Kamo, propriété de l’Eglise Evangélique. Rentrée de 54 élèves de seconde et quatre professeurs
1979	Marc Tessier devient directeur du lycée Saiko Luepak devient directeur de l’internat
Avril 1980	Adoption du nom du lycée, choix établi entre « Do Kamo » et « Nyipi Atr »
30 mai 1980	Inauguration officielle du lycée : Do Kamo Lycée général Acquisition d’un terrain rue des sœurs Martine (futur internat des filles)
Déc. 1981	Première promotion d’élèves présentés au bac, 5 reçus sur 28 élèves présentés : Gowemeuhou Marie-Claude, Juni Waej, Pidjot Micheline, Tchako Patrick, Wayewol Waixen
1982	Wadawa Neudjen devient directeur de l’internat à la mort de Saiko Luepak
1982	Ouverture de l’internat des filles Pasteur Tom Tchako devient directeur de l’internat

1983	Claude Jost devient directeur du lycée Catherine Rébert devient directrice de l’internat, remplacée dans l’année par Pasteur Eötr Lawi
1984	Robert Mollet devient directeur du lycée
13 mai 1985	Attentat à la bombe à Do Kamo (7 blessés). Au cours des années 85-86 le lycée subit de nombreuses menaces et pressions
1986	Loulou Tarou devient directeur de l’internat
1987	Ouverture du nouvel internat des garçons à côté de celui des filles Loulou Tarou devient Chef d’Établissement
1989	Nicolas Kurtovitch devient directeur du lycée
1989	Ouverture d’une classe de BEP ACC, Do Kamo devient Lycée d’enseignement professionnel après dix années d’existence
1990	Introduction du drehu et du ajië, une étape capitale dans l’enseignement des langues régionales. L’ASEE est le premier enseignement et le seul pendant longtemps à promouvoir les langues kanak et à se battre afin qu’elles deviennent épreuve du baccalauréat
1991	Création d’une section de seconde adaptée et des ateliers d’animation biblique
1992-1993	Extension du LEP au bac professionnel et au BEP construction topographie
1994	Nouveau bâtiment  (bat C)
1995	Introduction du nengone, et officialisation de la seconde adaptée actuelle
1996	Contrat d’association avec l’Etat, modernisation des laboratoires, bloc sanitaire et construction du bâtiment D
1998	Ouverture de la vie scolaire
1999	Cérémonie des 2O ans du lycée
2003-2006	Recherche de fonds pour les constructions du réfectoire et du CDI
2006	Acquisition du terrain à coté du lycée (actuel réfectoire)
Septembre 2009	Cérémonie des 30 ans de la création du lycée Inauguration du réfectoire et du CDI
2010	Dario Burguière devient directeur du lycée Freddy Baouma devient directeur de l’internat et Chef d’Établissement
2011	Signature de la convention Education prioritaire avec Sciences Po Paris
2012	Ouverture de la Section sportive football, champion invaincu de Nouvelle-Calédonie
2013	Reconstruction du faré par les jeunes de Hwadrilla avec Pasteur Boucko et Jacob Waneux
2013	Narcisse Wayewol devient directeur de l’internat
2013-2016 2017-2018	Voyage sportif de la section football à Tahiti et en Australie (participation à des tournois à Gold Coast et Sydney)
2014	Aménagement de la nouvelle infirmerie
2015	Benjamin Katrawa devient directeur de l’internat
2015	Ouverture du tutorat d’excellence Hmelöm Do Kamo
2019	40 ans du lycée